Merci de mettre un coeur à cette édition - tout en haut ou tout en bas du texte - pour me dire si vous l’avez aimée 💙
Hello dears,
J’ai attendu un peu avant de vous envoyer cette édition.
Parce que j'ai un parti pris fort et les personnes que j’accompagne savent comme la notion de “parti pris” est centrale dans toute stratégie de communication de marque personnelle ou de marque tout court !
C’est d’écrire quand j’ai quelque chose à dire.
Ou plutôt, de n’écrire - que - quand j’ai quelque chose à (vous) dire.
Et j’étais un peu sèche ces derniers jours.
Je ne crois pas aux calendriers éditoriaux bourrés à craquer de prises de parole à toutes les sauces : Black Friday, les calendriers de l’avent, Noël, New Year : New You, allez hop on se les fait tous, on pousse, on produit !
Tout ça est un monde révolu à mes yeux : le monde de la consommation.
Dans cette édition, je veux vous inviter à ne plus consommer mais à choisir.
Quoi ? Tout.
Du contenu à la bouffe qu’il y a dans votre frigo.
Vous verrez qu’en changeant un verbe vous changerez votre vie.
PS : je remercie Thomas Wagner, fondateur de l’incroyable media indépendant “Bon Pote” qui fait un travail monstrueux de sensibilisation et d’action écologiques. Son post du jour - et mon commentaire - on été l’étincelle de cette édition.
🗓 Vamos en 3 temps 💃 :
Le plus grand problème que je rencontre en coaching et pourquoi nous sommes tous concerné(e)s
Comment prendre de la hauteur avec Georges Orwell
Cette semaine sur Linkedin
1. Le plus grand problème que je rencontre en coaching
Je voudrais être claire, ce n’est pas un problème spécifique aux personnes que j’accompagne, c’est un problème généralisé que le coaching met en évidence !
Ce qui veut dire que nous sommes tous concerné(e)s !
Ce problème, c’est de laisser les mots penser à notre place.
Vous allez voir, vous êtes à quelques lignes d’un “aha moment”.
Françoise Thom, historienne et soviétologue, auteure de l’ouvrage La Langue de bois - éditions Julliard, nous dit :
“Quand on s’exprime mal, on pense mal ou pas du tout. Le but de la novlangue dans 1984 est de parvenir à l’anéantissement de la pensée et remplacer le sens par le signal.”
On s’approche de Georges Orwell et de la 2ème partie avec cette analyse de la “novlangue” - concept star de la bombe qu’est son livre “1984” (meilleure année de naissance by the way).
Cette phrase de Françoise Thom dénonce la manière dont les mots façonnent nos pensées et vice versa.
Quand je vous propose en intro de choisir du contenu, de choisir ce que vous mangez, de choisir qui vous voyez, qui vous aimez, ce que vous dites, ce que vous écrivez - plutôt que de consommer du contenu, de consommer des plats, de consommer des relations, c’est parce que les mots sont les prémisses de nos actes.
La novlangue a justement le pouvoir diabolique d’empêcher les humains de penser en retirant un maximum de nuances verbales de leurs têtes, en réduisant leur langage à son rôle le plus basique et pire, en modifiant leur perception des choses.
Par exemple, si je vous dis :
“J’aspire à l’excellence afin de remettre l’humain au centre des processus de mon activité pour mettre en place un système vertueux”
Qu’est ce que je vous dis ? :) (Spoiler : je vous enfûme)
Que veut dire “aspirer à l’excellence” ?
Avons-nous la même définition de l’excellence ?
Que veut-dire “remettre l’humain au centre des processus” ?
L’humain peut-il être au centre d’un processus ?
Selon quels critères de jugement ?
Selon quelles valeurs ?
Dans quelles limites ?
Qu’est ce qu’un système vertueux ?
Quelles sont les vertus qui comptent pour moi ?
Vous voyez dans cet exemple ubuesque mais pas si irréaliste qu’on peut se charger de mots et ne rien dire.
Ou pire encore, laisser ses lecteurs ou auditeurs dans une confusion qui les déstructure.
Et le rapport avec le coaching et nous tous là dedans ?
C’est l’habitude de prendre des raccourcis en sortant des expressions dont on ne questionne plus le sens.
C’est là que Georges arrive à la rescousse (vous allez voir, il est fort ce Georges) 😀 ⤵
2. Comment prendre de la hauteur avec Georges Orwell
Orwell nous dit cette phrase merveilleuse :
“Ce qui importe avant tout, c'est que le sens gouverne le choix des mots, et non l'inverse. En matière de prose, la pire des choses que l'on puisse faire avec les mots est de s'abandonner à eux.”
Les mots ont un pouvoir fou quand vous les utilisez pour désigner ce à quoi vous pensez; pas quand ils court-circuitent votre pensée.
Quand Orwell parle de “s’abandonner” aux mots, il ne parle pas de libérer sa plume ou sa parole en freestyle, mais de lâcher des mots, des expressions ou des termes de manière automatique.
C’est ce que je vois tous-les-jours sur les réseaux sociaux : les mêmes formules, utilisées par tout le monde, indifféremment et partout.
Si je sortais les posts de leur contexte je serais incapable de dire qui les a écrits et cela n’a rien à voir avec le “niveau d’écriture”. C’est une question de sens.
Les mots sont utilisés à tort et à travers.
Ils ne veulent plus rien dire et ils ne disent plus rien de ceux qui les utilisent !
On continue. Georges nous dit ensuite :
“Quand vous pensez à un objet concret, vous n'avez pas besoin de mots, et si vous voulez décrire ce que vous venez de visualiser, vous vous mettrez sans doute alors en quête des termes qui vous paraîtront les plus adéquats.”
Vous voyez une chaise en bois (c’est un objet concret) → vous décrivez cette chaise en bois avec les mots que vous souhaitez : ceux qui vous semblent “les plus adéquats. Normal.
Mais… :
“Quand vous pensez à une notion abstraite, vous êtes plus enclin à recourir d'emblée aux mots, si bien qu'à moins d'un effort conscient pour éviter ce travers, le jargon existant s'impose à vous et fait le travail à votre place, au risque de brouiller ou même d'altérer le sens de votre réflexion (…)”
Ici, ce n’est plus une chaise en bois au milieu de votre salon que vous voulez décrire. C’est un concept.
Prenons par exemple, l’idée de persévérer dans votre activité professionnelle même quand les résultats ne sont pas encore là.
Est ce que vous allez regarder la situation en face et la décrire avec les mots que vous avez - choisis.
Ou est ce que votre cerveau va faire un fucking raccourci et dire - au hasard : “fake it until you make it” ?
Vous savez, cette phrase magique qui grouille partout et qui voudrait dire, en gros, que si vous faites semblant de savoir de quoi vous parlez, sur un malentendu ça pourrait marcher, le temps que vous sachiez vraiment de quoi vous parlez.
Mais en fait non, ça veut peut être dire autre chose.
Bon je ne sais pas trop. Et c’est normal :) Personne ne sait, c’est le but.
Cette phrase est un raccourci de pensée qui veut dire à peu près la même chose dans l’esprit collectif mais jamais vraiment rien de précis.
C’est le danger qu’Orwell dénonce : “s’abandonner au mots”, au jargon, aux expressions toutes faites qui altèrent le sens de notre réflexion.
Et là il conclue :
“Sans doute vaut-il mieux s'abstenir, dans la mesure du possible, de recourir aux termes abstraits et et essayer de s'exprimer clairement par le biais de l'image ou de la sensation (…)”
Je le trouve très soft dans sa proposition :) Un non violent ce Georges.
C’est très clair : essayez de vous exprimer clairement par le biais de ce que vous voyez et/ou ressentez, pas par des formules !
Il nous propose quand même en guise de call to action : “un effort mental” (alors oui, le mot “effort” est impopulaire, mais la liberté ne s’est jamais gagnée sans efforts) pour :
“(…) éliminer toutes les images rebattues ou incohérentes, toutes les expressions préfabriquées, les répétitions inutiles et, de manière générale, le flou et la poudre aux yeux.”1
La prochaine fois que vous avez un message, une conviction, une info à faire passer dans votre univers professionnel ou personnel (pour moi ce sont les. mêmes enjeux), vérifiez bien :
Que les mots ou expressions que vous employez disent ce que vous voulez dire
S’il n’y a pas une manière plus personnelle, plus signée, plus différenciante de dire ce que vous voulez dire.
💥 A retenir pour toujours :)
Si vous voulez faire la différence dans le marasme du web et trouver votre voix : prenez le pouvoir sur les mots que vous utilisez, avant qu’ils ne prennent le pouvoir sur vous.
3. Cette semaine sur Linkedin ✍️
Paradoxe : “Il n’y a rien de plus difficile que d’écrire des posts simples !”
Si vous n’avez pas de flamme en vous quand vous écrivez, vous n’en provoquerez pas chez les autres.
A bientôt,
Marie 💙
Les parcours d’écriture BILS - sur 90 jours
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Extrait de "La politique et la langue anglaise“
Waouh ! Puissante cette newsletter ! Puissante et inspirante ! J'ai passé un très bon moment à la lire, merci Marie !
Je partage le constat.
On vit dans un monde de slogans qui étiquettent, catégorisent et nous rendent partisans du moindre effort de pensée critique. Ça en devient tentant d'exprimer ses idées de cette manière pour les rendre plus acceptables par la masse domestiquée qu'on adresse. Mais l'effet pervers c'est d'y perdre toute notre originalité et notre valeur. différenciante.
Merci Marie pour ce wake up call utile.