đïž Â«Â Jâai les yeux marron donc je ne vois les autres quâen marron. Ma mĂšre, mon pĂšre, ma soeur (âŠ) ils sont tous lait au cafĂ©. Chacun voit le monde Ă travers la couleur de ses yeux. Comme tu as les yeux verts, pour toi, je serai vertâ» (GaĂ«l FAYE, Petit Pays)
Hello Ă vous đ
Bienvenue dans cette nouvelle Ă©dition de la âMissive BILSâ dans laquelle jâadopte une ligne Ă©ditoriale libre, Ă cheval entre lâanalyse et le billet dâhumeur.
Nous sommes 768 (ça nâavance pas vite mais je fais rĂ©guliĂšrement le mĂ©nage đ)
Les propositions BILS du moment :
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Critiques qui piquent đ€Ź
En ce moment, il se passe un truc assez marrant sur Linkedin.
Jâaurais presque envie de parler de âsignaux faiblesâ.
Des personnes de tout Ăąge et de tout genre viennent me voir pour me signaler, avec beaucoup de fiertĂ© et parfois une pointe de sarcasme (voire de mĂ©pris), que jâai⊠fait une faute dâorthographe ou que jâai employĂ© avec une indignitĂ© impardonnableâŠdes anglicismes.
Ils/elles ajoutent ponctuellement que je ferais bien de âchanger de mĂ©tierâ :)
Je crois quâil y a quelques annĂ©es jâaurais Ă©tĂ© en Ă©bullition derriĂšre mon Ă©cran, Ă cheval entre honte et colĂšre.
Mais BILS existe depuis 4 ans maintenant.
Je suis la seule Ă connaĂźtre la somme des heures que jâai passĂ©es Ă Ă©crire, Ă me former, Ă penser des concepts et des parcours, Ă Ă©crire des livres, des posts par centaines et des newsletters par dizaines.
Je suis la seule Ă ressentir le doute que jâĂ©prouve quand je me lance dans une nouvelle crĂ©ation ; la fiertĂ© que je ressens quand un client fait des bons en avant ; la joie qui me traverse quand mes mots crĂ©ent des ponts et brisent des murs.
Je suis la seule Ă plonger dans les abysses dâune solitude que peu de mĂ©tiers autres que lâĂ©criture savent provoquer. MĂȘme si cette solitude nâa souvent rien Ă voir avec lâesseulement ou avec lâisolement.
Et sur ce chemin, je nâai jamais revendiquĂ© la moindre excellence orthographique ou syntaxique.
Je ne suis pas sponsorisĂ©e par lâAcadĂ©mie française. Jâai Ă©tĂ© linguistiquement marquĂ©e par mes annĂ©es de vie aux USA, au QuĂ©bec et en France. Jâaime la crĂ©olisation de la langue et la maniĂšre dont plusieurs cultures la font bouger. Jâaime la fluiditĂ© de nos expressions. Jâaime comprendre comment les mots nous relient ou nous clivent.
Les personnes qui se gargarisent de signaler les imperfections de mes textes nâont absolument rien compris.
Et câest en cela que je ne leur en veux presque plus.
Je sais que je ne sais pas. Eux, pensent quâils savent.
Sâil y a une chose en revanche Ă laquelle je mâaccroche ou que je dĂ©fends et pour laquelle je suis souvent qualifiĂ©e âdâexigeanteâ, câest le sens que chacun met dans ses mots.
Sur ce point, je ne transige avec rien ni personne.
Et je vais vous expliquer précisément pourquoi, à travers les exemples qui suivent.
Parce quâil ne sâagit pas tant de quĂȘte dâexcellence âscolaireâ que de protection de la libertĂ© de chacun.
JâespĂšre que cette missive vous marquera longtemps.
Si vous avez les mots, vous avez les armes (sinon, vous ĂȘtes mort(e)s) đ„
Lâautre jour, je suis allĂ©e Ă la Fnac et jâai rachetĂ© le livre de Georges Orwell â1984â.
En rĂ©alitĂ©, je lâai dĂ©jĂ et mes parents qui sont un rĂ©servoir Ă livres lâont aussi.
Mais jâai vu ce rachat comme un acte militant (Ă mon niveau :))
Orwell a Ă©crit â1984â en 1949 et voulait Ă lâĂ©poque composer une dystopie qui consisterait Ă envisageait un monde oĂč la prise de pouvoir sur les gens ne se ferait pas par la violence physique mais par lâesclavagisme verbal.
En dâautres termes plus simples (et glaçants) :
Plus vous avez de mots pour dĂ©crire le rĂ©el, plus vous ĂȘtes libre de lâobserver, de le questionner, de le mĂ©moriser Ă votre maniĂšre.
Plus vous avez de mots pour incarner votre pensée, vos convictions, vos désirs : plus vous avez de la marge de manoeuvre pour faire advenir ce qui vous habite, par la seule force des termes que vous détenez.
Plus vous avez de liberté linguistique, plus vous avez de liberté physique et psychique.
Orwell va jusquâĂ Ă©crire que si les Hommes perdaient la connaissance du mot âlibertĂ©â, ils perdraient petit Ă petit leur capacitĂ© Ă âpenser la libertĂ©â, donc Ă âdĂ©sirer la libertĂ©â, donc Ă âse battre pour leur libertĂ©â.
(Donc Ă ĂȘtre libres).
Et ce raisonnement est valable pour tous les mots, quels quâils soient.
En quoi cela nous concerne-t-il ?
1984 est derriĂšre nous (39 ans derriĂšre moi en lâoccurrence, câest aussi lâannĂ©e de ma naissance). Mais lâappauvrissement de notre langage et la toxicitĂ© de la ânovlangueâ sont absolument actuels.
La ânovlangueâ, câest cette âlangue nouvelleâ qui sous prĂ©texte de fluidifier la pensĂ©e, la simplifie et la rĂ©duit.
Cette ânovlangueâ est partout : dans la bouche des politiciens de notre monde ; dans la bouche des publicitaires ; et dans nos propres bouches, le plus souvent, sans que nous nous en apercevions.
Est ce que je suis en train de vous dire quâil faut avoir un vocabulaire fleuri pour briller en sociĂ©tĂ© ?
Non. Si vous pensez cela, vous ne mâavez pas comprise :)
Ce que je vous incite Ă observer sĂ©rieusement, câest la maniĂšre dont nous remplaçons peu Ă peu le sens des mots par leur âsignalâ. Autrement dit, par lâidĂ©e globale que les gens se font dâun mot, plus par ce que lâon veut vraiment dire.
Allons dans les détails et prenons de vrais exemples.
Ne remplaçons pas le sens par le signal đ„
Le sens dâun mot, câest la signification quâil porte et que vous avez choisi dâexploiter dans une conversation donnĂ©e.
Par exemple, si vous ĂȘtes heurtĂ© par ce quâune personne vous a dit, cela nâaura pas le mĂȘme sens si vous dĂźtes : âje me suis senti(e) humiliĂ©(e)â que si vous dĂźtes âje me suis senti(e) incompris(e)â.
Bon, jusque lĂ , câest la base du langage.
Le signal dâun mot, en revanche, câest le sens que lâon attribue la plupart du temps Ă une expression ou Ă un mot - et qui permet de se faire globalement comprendre - mais qui ne reflĂšte pas spĂ©cifiquement ce que lâon veut dire au moment oĂč on le dit.
Par exemple, prenons lâexpression que jâaime tant (non) :
âShow donât tellâ
Des hordes dâinfluenceurs et leurs groupies scandent cette espĂšce de mantra Ă longueur de journĂ©e, pour dire, âen grosâ :
âMontre/ Incarne ce que tu veux dire plutĂŽt que de le dire.â
Sauf que, nous avons un problĂšme.
Je peux critiquer le fait de mettre le mot âpassionnĂ©(e)â dans son intitulĂ© Linkedin et dire : âShow donât tellâ â Montre que tu es passionnĂ©(e) dans tes posts, pas besoin de lâĂ©crire noir sur blanc.
Mais :
Je peux aussi ĂȘtre coach en personal branding et dire Ă mon client : âon va poster des photos de toi sur un jet ski Ă Ibizaâ : âShow donât tellâ â Pas besoin de dire âje suis richeâ ; montre que tu es riche.
Ou encore :
Je peux dire Ă mes clients en coaching : âpour vous amĂ©liorer, regardez comment jâĂ©cris !â : âShow donât tellâ â Pas besoin de vous donner des conseils techniques dâĂ©criture, il vous suffit de vous imprĂ©gner de mes textes et vous progresserez rien quâen me lisant.
Vous le voyez le problĂšme ? Le GROS, problĂšme ?
Dâune : cette expression nâest pas toujours juste (cf. lâexemple 3)
De deux : cette expression ne veut pas toujours dire la mĂȘme chose (faire ses preuves ? se mettre en scĂšne ? montrer lâexemple ? )
De trois : lâidĂ©e publique autour de cette expression est en quelque sorte une moyenne de lâensemble de ses vĂ©ritables significations, mais ni les personnes qui la lisent, ni celles qui lâĂ©crivent, ne savent vraiment oĂč il se positionnent.
Cet exemple illustre parfaitement la différence entre le sens :
đ Jâemploie un mot qui a une signification prĂ©cise pour soutenir ma pensĂ©e prĂ©cise dans un contexte prĂ©cis.
Et le signal :
đ Je balance une expression qui a une connotation plus quâun sens et dont mes interlocuteurs saisiront lâidĂ©e globale mais pas la valeur prĂ©cise.
A force de remplacer le sens par le signal, nous ne crĂ©ons plus de ligne claire et nette entre notre language et notre pensĂ©e ; nous court-circuitons ce qui se passe vraiment dans notre tĂȘte et nous quittons le registre de lâexpression pour passer dans celui de la âcommunicationâ.
Nous pensons nous exprimer avec force et style, mais nous nous noyons derriĂšre des ersatz de langage.
Nous pensons employer des formules dans lâĂšre du temps, mais nous perdons notre singularitĂ©.
Nous pensons que lâautre nous comprend, mais il ne nous comprend que trĂšs partiellement.
Câest la mĂȘme chose pour tant dâautres expressions et tant dâautres mots qui dĂ©filent sous nos yeux meurtris Ă longueur de journĂ©e.
Pas étonnant que Linkedin, malgré ses atouts indéniables, puisse devenir épuisant.
Pas Ă©tonnant que les gens parlent de âproduireâ et de âconsommerâ du âcontenuâ (oĂč sont la force et le style lĂ dedans ?).
Pas Ă©tonnant que notre Ă©poque soit obsĂ©dĂ©e par lâauthenticitĂ©, la singularitĂ© et les quĂȘtes identitaires : notre langage bidon reflĂšte la vacuitĂ© dâune Ă©poque qui a perdu ses ancrages et ses repĂšres.
Sauf que âŠ
Rien nâest perdu :)
Et si nous ne pouvons pas, Ă lâĂ©chelle individuelle, Ă©radiquer la faim, la violence et la destruction du monde ; nous pouvons agir sur chaque mot que nous prononçons et surtout, sur chaque mot que nous Ă©crivons.
Câest Ă cela que jâoeuvre, Ă travers chacun de mes textes et de mes coaching ; malgrĂ© ou en dĂ©pit de mes fautes diverses :)
Il est encore temps, ne laissez pas les signaux linguistiques de notre époque manger le sens des mots que vous connaissez. Retrouver le goût du dictionnaire de mots et de leurs synonymes. Cultivez la force et le style de votre verbe, et vous resterez libres.
đ Boum Boum BILS sur Linkedin
1ïžâŁ âPRENDS GARDE Ă TOIâ
âł âA vous qui aimez telle crĂ©atrice ou tel crĂ©ateur sur Linkedin, mais qui ne le ou la soutenez jamais publiquement. Voici ce qui va arriver :â - Lire la suite
2ïžâŁ âMES LEVRES EN TREMBLENT ENCOREâ
âł âCe message est pour toutes les personnes (jeunes, moins jeunes, freelances et mĂȘme salariĂ©es, voire dirigeantes) qui cherchent encore leur voie. đł đââïžâ - Lire la suite
3ïžâŁ âSAY MY NAME SAY MY NAMEâ
âł âPour les sociologues : nous ne sommes plus dans l'Ă©poque de la "modernitĂ©". Pourtant, notre Ă©poque actuelle n'a pas de nouveau nomâ
Lire la suite de mon post, ici - repris par Gregory Pouy (avec beaucoup plus de succĂšs ;)), ici.
đ° Retrouvez les 3 autres concepts Ă©ditoriaux BILS :
đ Ligne Editoriale : dans la derniĂšre Ă©dition, je dĂ©compose ma dĂ©marche dâĂ©criture dâun post Linkedin pour lequel jâavais 0 inspiration (vous verrez pourquoi).
đ Correspondances : derniĂšre correspondance avec Dimitri RepĂ©rant, coach vocal (on me souffle que des lecteurs de cette missive ont fait un stage avec Dimitri aprĂšs nous avoir lus !)
đȘ¶ Conseils dâĂ©criture BILS : je vous propose des conseils dâĂ©criture applicables dans votre vie pro comme perso, pour renforcer lâimpact de vos mots.
-
A bientĂŽt dans ou entre les lignes,
Marie - www.bendilikesocrate.com
Waouh!
Je n'ai pas d'autres mots đ