La voix est morte, vive la voix !
💌 Correspondances éd.5 avec Dimitri Répérant - par BILS
"On se parle de plus en plus, on s'écoute de moins en moins" (Gérald Garutti)
Bienvenue dans “Correspondances” éd. 5 par BILS :
Vous êtes 734 à me lire (presque) chaque semaine 💙
Je suis Marie, copywriter et coach d’écriture sur le web.
J’ai créé “Bend it Like Socrate” aka BILS en 2019 dans le but de redonner aux femmes et aux hommes le goût d’écrire avec Force et Style pour ajouter du bonheur au Monde.
Pourquoi une “Correspondance” ?
💌 Dans chaque “Correspondance”, j’échange par mails successifs avec une personne triée sur le volet.
Nous nous écrivons à notre rythme, à contre-courant des interactions instantanées du quotidien. Bref, nous prenons le temps (et pour cette correspondance en particulier, nous avons pris un temps infini : 5 mois précisément, merci Dimitri Répérant - 🙌 Expert de l’influence par la VOIX 🗣️Conférencier, Coach & Formateur 😅)
Bienvenue au coeur d’une confrontation passionnée entre “voix écrite”, et “vois orale”. Aucun de nous deux n’a voulu lâcher le morceau, c’est assez beau à lire :)
(Spoiler : on ne s’est pas engueulés !)
Temps de lecture - 15 min - avec un citron chaud au gingembre🍹 ↓
🔵 Marie - Lundi 17 juillet, 2023
Dimitri, on ne va pas y aller par quatre chemins. Des professionnels de la voix et de la prise de parole en public, j’en découvre de plus en plus sur Linkedin.
Il y a eu Pascal Haumont (conférencier et humoriste) au début, puis Jean Sommer (Expert de la voix pour la prise de parole. Auteur "La voix cet outil du pouvoir" aux éditions JC Lattes), puis toi et cela continue !
Ce n’est pas ton métier qui me surprend. Je le trouve d’une évidence et d’une utilité indiscutables.
Ce sont les parallèles avec l’écriture.
A chaque fois que toi ou l’un de tes confrères exprimez vos partis pris sur votre profession, je me dis que j’aurais pu écrire la même chose sur la mienne.
D’ailleurs, toute bonne stratégie éditoriale de marque ou de marque personnelle inclut une “voix” ou “brand voice” . Même à l’écrit.
La plupart des gens ne réalisent pas qu’il y a une distinction entre “la voix” et “les tonalités” d’ailleurs. Le mot “tonalité” l’emporte souvent et la notion de “voix” disparaît un peu. Mais ce n’est pas la même chose.
La voix (“brand voice”), à l’écrit, ce sont les valeurs et la personnalité d’une entité morale ou physique. C’est un peu l’ethos, si je dois reprendre un terme pilier de la rhétorique (voir édition de la missive ethos logos pathos).
La tonalité (“tone of voice”), c’est l’humeur. C’est la manière dont une voix s’exprime, à un moment donné, dans un contexte donné.
Par exemple, en tant que personne qui prend la parole sur les réseaux sociaux et le web, ma est voix incarnée et humaine.
Elle se traduit selon mes textes par des tonalités : sensible, émotionnelle, empathique, conversationnelle, drôle, etc.
Est-ce que tu fais cette même distinction à l’oral ?
Entre la “voix” d’une personne (stable) et ses différentes “tonalités” (variables) ?
🔵 Dimitri - Lundi 17 juillet, 2023
Salut Marie,
Je te remercie de ta proposition de correspondance, de ce 1er message et de cette question.
Je suis ravi d’avoir un échange avec toi sur ce sujet, qui me passionne tellement, comme tu le sais.
Avant de te répondre, j’ai envie de commencer par faire un pas de côté.
Il y a quand même une ÉNORME distinction entre la voix parlée et la voix écrite.
Pour exemple…
Là, tu me lis.
Et en me lisant, tu imagines : mon ton, mon débit, mon rythme, mon phrasé, ma hauteur de voix, ma prosodie toute entière.
La ponctuation t’aide bien sûr.
Le niveau de langage t’aide aussi.
Et si tu as déjà entendu ma voix en vrai, c’est plus simple.
Mais imaginons que tu ne l’aies jamais entendu. Si tu avais une photo, tu pourrais imaginer une voix en fonction de mon physique.
Sans photo, alors tu imaginerais ma voix en fonction de mon nom de famille, de mon prénom, de mon genre.
Et si tu n’avais rien de tout cela… et bien, je pense que ce serait un peu comme à la loterie : tu imaginerais une voix sur ce texte, mais elle aurait probablement peu de chance de correspondre à ma véritable voix.
Bref.
Je ne veux pas lancer obligatoirement un débat, mais l’écrit ne pourra jamais retranscrire la voix parlée.
C’est la voix qui porte l’intention.
L’écriture laisse au lecteur le loisir d’imaginer l’intention (la voix) de celui qui écrit.
L’écriture c’est la pensée silencieuse et morte.
La voix c’est la pensée sonore et vivante.
Pas de côté terminé. :)
Pour revenir donc à ta question, je dis souvent que nous n’avons pas 1 voix mais 1001 voix, aux 1001 facettes.
C’est ce qu’on peut appeler notre potentiel vocal.
Qui n’est pas le même quand on a 6 mois, 3 ans, 15 ans ou 90 ans bien sûr.
Mais dans ce potentiel, nous nous sommes inscrit dans ce qu’on appelle « NOTRE voix ».
Qui est le fruit de tellement de choses.
(Je pourrais détailler plus tard si tu le souhaites.)
Cette voix-là, peut s’apparenter à la « Brand voice » dont tu parles. Voilà. C’est le fruit de notre identité. C’est le « moi sonorisé ».
Cette identité ou signature vocale est en même temps mouvante. Elle a une cohérence, mais elle n’est pas figée. Elle bouge en fonction des situations. D’une posture à une autre. D’une humeur à une autre. D’un ton à un autre.
C’est ce qu’on appelle « les postures vocales ».
Et c’est ce qu’on essaye, tant bien que mal, de retranscrire à l’écrit.
Je dis tant bien que mal (et ça fera la boucle avec mon aparté du début) parce que l’écrit est souvent créateur de malentendus, puisque ce qu’on entend ce n’est pas la voix de celui qui écrit, mais ce qu’on imagine de sa voix et de son ton.
Est-ce que cette réponse te satisfait ? :)
Belle fin de soirée.
Dimitri
PS : l’invention et l’utilisation des emojis à ajouter un moyen de se rapprocher du ton de celui qui écrit.
🔵 Marie - Lundi 31 juillet, 2023
Hello Dimitri,
Que d’éléments intéressants !
Ton pas de côté est essentiel : je dois y répondre avant de poursuivre mes questions sur le sujet de la voix parlée.
Dire que l’écrit est silencieux est un fait,
Dire que l’écrit est une voix morte, je ne suis pas-du-tout d’accord !
Il n’y a rien de plus vivant qu’un texte incarné qui vibre les intentions, le style et les particularités d’une personne.
L’autre jour quelqu’un m’a écrit en réponse à un message audio : « je trouve que ta voix match hyper bien avec tes écrits et même ta photo ».
Pour moi c’est le summum de la congruence.
L’écrit ne s’oppose pas à l’oral, ils se complètent.
C’est d’ailleurs tout l’enjeu du « mode conversationnel » qui est tant employé sur les médias sociaux (parfois mal d’ailleurs).
Le but est d’écrire proche d’un langage parlé pour provoquer un effet « oral » à la lecture.
Par exemple, si je cherche une définition du mot « tardigrade » sur Wikipedia, je tomberai sur un texte écrit avec une tonalité neutre et descriptive.
L’effet produit est informatif. L’émotion est froide. C’est le texte encyclopédique par excellence. Fonctionnel mais chiant.
“Les tardigrades (Tardigrada), parfois surnommés oursons d'eau, forment un embranchement du règne animal, regroupé avec les arthropodes et les onychophores au sein du clade des panarthropodes.1”
Si je décide de faire mieux connaître ce petit animal fabuleux sur un médium comme Linkedin, je vais adopter un angle et une tonalité, soutenus par une ponctuation, des éléments de langage et pourquoi pas en effet, des emojis, qui vont donner un relief nouveau à mon texte. Ce ne sera plus un paragraphe informatif mais une histoire, drôle ou poétique ou encore excitante selon ma plume.
Vibrant et liant.
“Ce petit animal aux allures fantastiques est l'un des plus résistants au monde. Les scientifiques disent même qu'il résisterait à l'apocalypse.
Avec ses 8 jambes, ses griffes et son exosquelette proche de celui d'une sauterelle ou d'une mante religieuse, le tardigrade ressemble à un ourson de mer tout mignon.” Lire la suite du post
J’ai un autre exemple encore plus éloquent avec ce paragraphe informatif (et chiant) sur les limaces qui détruisent les plantes d’un jardin ou potager :
“La météo très humide de ces dernières semaines a des conséquences dans les jardins et surtout dans les potagers. Des limaces envahissent les cultures et les détruisent. Elles n'ont pas été tuées cet hiver à cause des températures très douces.”2
versus cette histoire déjantée que j’ai écrit sur Linkedin au printemps 2023 (promis je n’avais pas bu) :
“Je vous présente Cindy (ma fleur), ravagée par :
Des limaces.
🤬
𝗖𝗶𝗻𝗱𝘆 𝗰̶'̶𝗲̶𝘀̶𝘁̶ 𝗰’𝗲́𝘁𝗮𝗶𝘁 𝗺𝗼𝗻 𝗚𝗲𝗿𝗯𝗲𝗿𝗮.” - Lire la suite de cette histoire mirifique.
J’en arrive à la « Brand Voice » qui est un pilier de la ligne éditoriale d’une marque ou d’une personne - et - qui, comme tu le dis, décrit ce « moi sonorisé » que tu évoques.
J’aime beaucoup ton expression !
Sans ligne éditoriale et sans « brand voice » affirmée, le moi écrit n’a pas de musique.
Mais si la marque ou la personne qui s’exprime en son nom maîtrise ce pilier, y a réfléchi et l’exerce dans ses textes, on DOIT l’entendre en la lisant.
Ce qui m’amène à un dernier point passionnant : tu parles d’identité vocale « mouvante ».
La philosophe et essayiste Julia de Funès à laquelle je me réfère souvent critique l’obsession identitaire de notre époque.
Selon elle (et je la rejoins absolument), les quêtes identitaires sont des impasses puisque nos identités ne sont que des étiquettes figées. Or par essence, nous sommes mouvants.
Le fait que je sois catholique, brune, femme, née dans un milieu X, avec des valeurs Y ne fait pas de moi tout ce que je suis.
Me réfugier derrière ça serait m’emprisonner moi même au nom d’une soit disante liberté d’être moi.
Je te parle de ça parce que si la signature vocale est fluide, c’est probablement parce que nous pouvons être nous-mêmes de 1000 manières (ce sont des « déclinaisons du sentiment d’être soi » pour citer à nouveau Funès).
J’ai donc envie de te demander : avons-nous une voix de référence, « notre voix » et plusieurs déclinaisons ? Ou avons nous autant de voix de référence ou autant de « vraies voix » que de contextes et de situations ?
Pour formuler ma question autrement : est ce qu'en coaching il t’arrive de dire à des femmes et des hommes qu’ils se cachent derrière une « fausse voix » ?
PS : je trouve qu’il y a souvent des malentendus à l’écrit parce que les gens ont du mal à retranscrire ce qu’ils veulent vraiment dire. Tout comme il y a des conflits à l’oral parce que les gens emploient leur voix de la mauvaise manière. Les deux se travaillent.
🔵 Dimitri - Samedi 19 août, 2023
Salut Marie,
Comment vas-tu aujourd’hui ?
Haha j’étais sûr que tu allais tiquer sur l’idée que l’écriture est une « pensée morte ».
Pour qu’il n’y ait pas de malentendus, je m’explique. ;)
Il y a « l’art vivant » et en contradiction on pourrait dire qu’il y a « l’art mort ».
Une pièce de théâtre c’est de l’art vivant.
Un film c’est de l’art mort.
Une performance c’est de l’art vivant.
Une sculpture c’est de l’art mort.
Un concert c’est de l’art vivant.
Un album c’est de l’art mort.
Un enregistrement, de quelque nature qu’il soit, est la trace d’un moment de vie.
Ce moment passé, on peut dire qu’il est mort.
Et le seul moyen de lui redonner vie (comme un souvenir), c’est que quelqu’un l’écoute, le regarde ou le lise.
Quand tu écris, tu enregistres ta pensée vivante (avec sa voix et ses intentions) sous forme de signes.
Écrire c’est vivant, mais l’écriture est morte.
Ce n’est que quand quelqu’un lit ton texte, qu’il redonne vie, d’une nouvelle façon, à ta pensée.
Contrairement à un enregistrement audio ou vidéo, avec ton écrit, il va projeter la voix et les intentions qu’il pense que tu as eu en l’écrivant, notamment grâce à la ponctuation, et à tout ce dont j’ai parlé dans mon précédent message.
C’est pour cela que l’écriture appartient moins à son propriétaire qu’une vidéo.
C’est pour ça qu’il y a plus de liberté d’interprétation dans la réalisation d’une pièce de théâtre que dans la réalisation d’un opera.
L’écriture d’un opéra porte le texte, le rythme de la prosodie, la mélodie, le tempo, les nuances, les accentuations, quand dans l’écriture d’une pièce de théâtre il n’y a que le texte (et parfois les didascalies pour donner l’intention).
Le champ des possibles de l’interprétation est tellement plus vaste avec un écrit.
Et c’est peut-être là la plus belle des richesses de l’écriture.
Mais revenons à tes questions :)
1. Avons-nous une voix de référence, « notre voix » et plusieurs déclinaisons ?
Nous avons bien UNE voix, comme nous avons UN corps.
Elle grandit comme un corps.
Elle vieillit comme lui
On peut la faire grossir ou maigrir.
On peut lui donner davantage d’amplitude ou au contraire la faire se recroqueviller.
On peut la travailler pour l’assouplir ou la muscler.
Elle est apte à 1001 mouvements comme un corps.
Elle est mouvante comme lui.
Elle est une ET mouvante, comme le corps est un ET mouvant.
2. Avons nous autant de voix de référence ou autant de « vraies voix » que de contextes et de situations ?
Notre voix s’adapte à chaque situation en fonction de sa capacité.
C’est toujours notre voix.
Mais qui bouge.
Si ton corps peut faire un grand écart, tu pourras utiliser cette capacité d’extension et de souplesse un jour dans une situation de ta vie.
En travaillant sa voix, comme son corps, on augmente notre capacité de mouvements et d’adaptation à la vie.
Je ne parle pas alors de « vraie voix » ou de « fausse voix ». Comme il n’y a pas de « faux corps » ou de « vrai corps ».
3. Est ce qu'en coaching il m’arrive de dire à des femmes et des hommes qu’ils se cachent derrière une « fausse voix » ?
Oui.
Mais je ne parle pas de l’instrument alors mais de son utilisation.
Selon moi, « parler avec une fausse voix » c’est :
→ Parler avec une voix sans intention.
Si je vocalise sans objectif, sans adresse.
Si je parle à la cantonade, si je déblatère, je suis dans une « fausse voix ».
Beaucoup de professeurs d’universités font ça :)
→ Parler avec une voix en décalage avec ce qui veut se dire en nous.
Si je veux dire quelque chose mais que je dis l’inverse. Si j’ai envie de pleurer mais que je dis tout va bien, ma voix sera fausse puisqu’elle sera en décalage avec la vérité en moi.
Par exemple : quand on ment, on est souvent dans une fausse voix.
→ Parler avec une voix empruntée mais sans vie.
Si je parle en faisant la voix d’un autre, ses intonations, accents, mais sans mettre de vie dedans, sans mettre ma pâte, alors je suis dans une voix fausse.
Par exemple : Valerie Pecresse lors de son grand meeting durant la dernière élection présidentielle, ou les mauvais comédiens qui disent leur texte en faisant la musique de l’émotion mais sans la vivre.
On pourrait résumer en disant qu’une « fausse voix » c’est une voix qui manque de vie, et d’authenticité, une voix qui porte un masque, qui se cache, ou qui est déconnectée de l’intérieur de la personne.
Quelles réactions ces réponses créent en toi ?
PS : Le temps file, les vacances aussi, haha.
Voilà déjà 20 jours que tu m’as écrit.
Pardonne ma lenteur, je t’en prie.
🔵 Marie - Mardi 29 août, 2023
Hello Dimitri,
Pour clore notre échange dans l’échange sur les notions d’art “vivant” versus “mort”, je persiste à trouver le mot “mort” tout à fait inadapté :)
Je dirais “silencieux”.
Une sculpture de Rodin n’a rien de “mort” par exemple ! Elle parle d’elle même pour celles et ceux qui savent entendre le message de ses courbes ! C’est selon moi, juste une question de sensibilité.
Mais bref, je comprends ton point et je te remercie pour tes précisions qui suivent sur notre “vraie voix” versus notre “fausse voix”.
En fait, si je comprends bien, notre “voix” est aussi variable et mouvante que nous ; donc elle revêt plusieurs couleurs ; plusieurs tonalités ; selon le contexte.
Nous avons ainsi plusieurs “vraies voix”.
Mais ce qui la rend “fausse”, c’est quand elle est désincarnée.
Et on en revient (désolée !) encore à ce que j’exprime souvent au sujet de la voix écrite !
Un texte écrit par une AI sonne “mort” (là tu peux le dire !) mais un texte écrit avec force et style par quelqu’un qui incarne ses mots, sonne “vivant”.
Dans le 1er cas l’expression est mécanique, dans le 2e elle est habitée.
Cela m’amène à ces posts Linkedin que tu as publiés ces derniers mois et qui ont rencontré un énorme succès !
Dans un post du donnes des exercices concrets pour travailler sa voix et en particulier, la rendre, je te cite :
“+ grave
+ chaude
+ attirante”
Et dans un autre post en mai, tu évoques un sujet visiblement critique : “comment faire quand on n’aime pas sa voix ?!”
En fait, si je résume : de nombreuses personnes détestent leur voix et la voix plus grave est un critère d’attractivité ?
Est-ce que tu veux bien nous donner 2-3 exercices simples à réaliser avant un enregistrement audio, un appel ou n’importe quelle “prestation vocale” pour se relier à sa “vraie voix” ?
J’attends ta réponse et je nous emmènerai ensuite tranquillement vers la fin de notre longue correspondance pour te laisser entamer ta rentrée trépidante !
Merci Dimitri, à très vite (moins que dans 20 jours si possible 😁)
Marie
🔵 Dimitri - Vendredi 1er déc, 2023 (3 mois plus tard 😂 cet homme est une star ;))
J’en conviens : la mort a mauvaise presse haha.
Et peut-être que cette image aura du mal à faire consensus, en particulier dans le cercle des auteurs et amoureux de l’écriture.
Mais j’ose te la représenter une dernière fois et tenter de lui donner chez toi un dernier souffle.
Voilà le fruit de ma pensée :
Écrire, c’est vivant.
Lire, c’est vivant.
Lire, c’est redonner vie à quelque chose qui n’est plus : une pensée qui s’est faite écriture un jour, et qui n’était plus vivante jusqu’à ce que le lecteur lui redonne vie.
C’est pour ça que je dis que l’écriture c’est de la « pensée morte », mais le lecteur est son « réanimateur ».
Pour contextualiser :
Étant incapable de lire du chinois (oui je reviens de Hong-Kong), si je me retrouve face à un texte écrit en chinois, je ne pourrais pas redonner vie à la pensée de celui qui l’a écrite, et la pensée qui s’était déposée en signe restera morte.
Le mot « silencieux » fonctionne aussi, oui, en effet.
Et pour rejoindre la métaphore du réanimateur, on pourrait dire aussi que l’écriture est « inanimée ». C’est le lecteur qui la réanime.
- La voix c’est de la parole animée.
- L’écriture c’est de la parole inanimée.
Mais trêve de conceptualisation :)
Rentrons dans le concret.
Pour ce qui est de la « vraie voix » comme je te l’ai écrit avant, ça vient de l’intention.
→ Est-ce qu’il y a un accord entre mon intention et ma sonorisation ?
Et le meilleur moyen d’y arriver c’est de se connecter à la personne à qui on parle ou à qui on veut parler, de façon sincère, et au moment T de sortir de la technique pour rentrer dans la relation, pour communiquer vraiment.
Mais sinon, si on veut réchauffer sa voix pour lui donner plus de présence je pourrais te donner beaucoup d'exercices.
En voici quelques uns :
1. Le délicieux gâteau
Inspirer par le nez.
Puis faire un « Mmmm » bouche fermée comme si on venait de goûter un délicieux gâteau.
Inspirer à nouveau
Recommencer autrement (on peut s’amuser à jouer à faire différent « Mmmm » : tantôt grave, tantôt aigu, tantôt très doux, tantôt fort, tantôt en sirène descendante ou montante, tantôt en sirène oscillante du grave vers l’aigu puis vers le grave, ou l’inverse, tantôt une sonorisation courte, tantôt une sonorisation très longue. Bref, on s’amuse.)
Le faire pendant 2 à 5 minutes.
Le plus important est d’être attentif à son instrument, d’être doux avec soi-même, et à l’écoute de ses capacités du jour et d’aller de façon croissante dans ces jeux de sons. Cet exercice réchauffe l’instrument en douceur.
2. Le petit moteur
Inspirer profondément par le nez.
Faire une note en mettant en vibration ses lèvres comme quand on était enfant.
Garder la note autant de temps qu’on peut tenir la vibration des lèvres.
Inspirer de nouveau.
Recommencer autrement (s'amuser à le faire sur une note avec douceur, puis sur une autre avec plus de puissance, puis essayer de faire des petites sirènes souplement, et puis on peut même aller jusqu’à jouer à faire un petit moteur comme si on était sur une moto.)
Le faire pendant 2 à 5 minutes.
Si on a du mal à faire vibrer ses lèvres, mettre les index à 1 cm latéral des commissures, et les remonter pour dessiner un petit sourire sur son visage, puis essayer de faire vibrer en gardant les lèvres serrées.
Cet exercice réchauffe l’instrument en obligeant à le faire avec un bon soutien du souffle.
3. Le B-A-B-A-BA
Inspirer profondément par le nez.
Faire une descente de 5 notes (une quinte comme sol-fa-mi-ré-do) en chantant « B-A-B-A-BA », en travaillant à bien activer ses lèvres sur les « B ».
Inspirer à nouveau.
Faire la même chose en montant d’un demi-ton.
Puis continuer comme ça de demi-ton en demi-ton.
S'arrêter quand ce n’est plus confortable et redescendre.
Vous pouvez aussi le faire sur « D-O-D-O-DO » ou « J-E-J-E-JE » ou « Gué-I-Gué-I-GUI ». ou « V-U-V-U-VU » ou « Zé-OU-Zé-OU-ZOU ».
L’idée est de réveiller l’articulation et la mobilité de la langue pour plus d’expressivité tout en travaillant la vocalisation.
⭐⭐⭐ 4. Et en bonus, avant un appel de prospection ou un appel important, ou encore avant une réunion en visio, on peut aussi faire ça :
L'exultation sonore
Inspirer profondément.
Lancer un grand son sur « youhou ! » ou « Yes » ou « Woowoowoowoowoo » comme si on avait gagné quelque chose.
Sans forcer mais avec vigueur.
Le faire autant de fois don on en a besoin pour se sentir motiver et prêt à aller faire cet appel ou cette visio avec énergie et motivation
3 mois plus tard tu as enfin ta réponse...
Et maintenant qu'en penses-tu ? :)
Bonne fin soirée ou bonne nuit,
Je file dormir, je donne mon séminaire "Libérez votre voix, libérez votre pouvoir" demain,
À très vite
Dimitri
🔵 Marie - Jeudi 21 déc, 2023
Dimitri, j’ai du mal à le croire, dans quelques jours c’est Noël !
On aura tenu en fil rouge depuis cet été, tu le crois toi ?
Je nous ai relus avant de clore cet échange et j’ai été surprise par sa qualité.
C’est vrai, il faut le dire. Evidemment nous n’avons pas toujours été d’accord et comme dirait le scientifique Andrew Huberman que j’écoute beaucoup en podcast, au sujet d’un de ses amis chercheurs dont l’avis sur certains protocoles diverge du sien : “yes, we disagree and we can still be friends !”
Mais au-delà, malgré ou grâce à nos désaccords, nous avons pu parler de beaucoup de choses, en profondeur.
Je persiste à croire que la voix orale comme la voix écrire peut être un outil fabuleux de lien à l’Autre quand il est habité par une intention forte et manié par un être qui sait qui il est, ce qu’il veut dire et pourquoi.
C’est pour ça que tous mes accompagnements de “coaching Linkedin” se retrouvent toujours à la croisée du consulting et de la thérapie (des conseils carrés d’un côté et une prise en considération des méandres de l’esprit humain de l’autre).
Je ne sais pas si tu me répondras avant Noël ; je ne sais pas si je vais attendre ta réponse d’ailleurs (LOL, je te taquine).
Merci 1000 fois pour ton temps précieux et pour tous les conseils de qualité que tu offres aux lectrices et lecteurs de cette missive extraordinaire :)
Ils et elles peuvent te retrouver sur ton profil Linkedin et prendre rv avec toi sur ton Calendly pour te proposer un projet ou échanger sur tes accompagnements.
Joyeux Noël Dimitri, à bientôt du côté de 2024, avec force et style dans la plume et dans les cordes vocales 💙
Marie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tardigrada
https://www.rtl.be/art/info/magazine/science-nature/voici-pourquoi-les-limaces-envahissent-votre-jardin-et-detruisent-vos-plantes-827965.aspx
Une correspondance de haut vol que j'ai adorée !
Je retiens que donner de la voix, sur le papier ou en décibels, peu importe tant que l'on suit sa voie.