« Les victoires et les défaites ne sont en aucun cas le mètre de l’héroïsme : depuis des millénaires, le héros est celui qui décide de sa vie. »
(“La Part du Héros” - Andrea Marcolongo)
Chères lectrices, Chers lecteurs,
Je suis toujours aussi heureuse de vous écrire mais fatiguée.
Pas tant de l’actualité française mais de la manière dont nous y réagissons.
Depuis le 9 juin, mon feed Linkedin ressemble à une course de dindons sans tête. Ne vous y méprenez pas, je ne méprise personne et ne minimise aucune souffrance. Mais ni notre indignation, ni notre sidération ne sont bonnes pour la France.
Dans cette missive, j’aimerais vous parler de Socrate, de choix et de l’importance de continuer d’oeuvrer par nos activités professionnelles et personnelles variées.
✊ En avant l’héroïsme.
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🇲🇫 L’heure est à l’héroïsme
✊ 𝟭 - Trouver de la force dans les pas de Socrate
Savez-vous pourquoi Socrate fut condamné à mort1 ?
Voici l’acte d’accusation dirigé contre lui en 399 av. J-C. :
"Socrate est coupable de ne pas croire aux Dieux reconnus par la Cité et d’en introduire de nouveaux ; il est également coupable de corrompre la jeunesse. Pour ces crimes : la mort" (Platon, « Phédon, ou de l’âme »)
Socrate était un obsessionnel de la vérité.
Il ne supportait pas que les esprits soient formatés par des préceptes dogmatiques ou consensuels.
Il voulait que chacun(e) trouve le courage et la force de questionner l’évidence pour développer l’arme la plus infaillible de tout être humain, dès lors qu’il en prend conscience : sa liberté de penser.
Pour y parvenir, il ne déployait ni grand discours, ni rhétorique, ni sophismes mais une pratique simple : la maïeutique ou “l’art d’accoucher les esprits”.
Cette approche était si puissante que toutes les personnes à qui il s’adressait retrouvaient le courage et les moyens de remettre en question l’ordre établi.
Pas pour le plaisir de la dissidence, mais par amour pour la vérité.
Cette vérité qui dérange tant nos structures sociales et politiques.
Cette vérité qui encapacite les Hommes plutôt que de les asservir.
Cette vérité qui évince ce qui est nuisible de son piédestal artificiel et remet la lumière sur ce qui est bon et juste.
Le plus fou dans l’histoire de Socrate, n’est pas tant ce pour quoi il arpentait les rues d’Athènes chaque jour mais la manière dont il a honoré sa vision jusqu’au dernier souffle de sa vie.
Même aux portes de la mort où n’importe quel humain serait autorisé à renier ses principes les plus forts pour se sauver, Socrate n’a pas flanché.
D’abord : la beauté en toute chose
Dans son ouvrage “Le goût du risque”, Andrea Marcolongo raconte ceci :
"Socrate, avant de boire la ciguë, s'obstina à jouer de la flûte : "Cela a-t-il de l'utilité ?" lui demanda un de ses élèves. "Bien sûr que non", répondit le philosophe, "c'est complètement inutile face à la mort. Mais c'est très beau."
Puis : un sens aiguisé de la responsabilité
Après sa condamnation, Socrate avait la possibilité de s’évader. Mais cela l’aurait mis dans une posture de rebelle aux lois et il estimait avoir le droit de s’y opposer tout autant que le devoir d’en subir les conséquences.2
“Que la Vertu et la Justice sont ce qu’il y a de plus estimable en ce monde, de même que la Légalité et les Lois.”
Finalement : une loyauté à toute épreuve
Après avoir bu l’intégralité de la coupe de cigüe destinée à le tuer, Socrate perd progressivement la vie et trouve malgré tout la force de rappeler à son ami Criton, une dernière volonté à honorer, loin, bien loin des préoccupations habituelles des Hommes.
“Quant à lui, après avoir marché, il dit que ses jambes s’alourdissaient et il se coucha sur le dos, comme l’homme le lui avait recommandé.
Celui qui lui avait donné le poison, le tâtant de la main, examinait de temps à autre ses pieds et ses jambes ; ensuite, lui ayant fortement pincé le pied, il lui demanda s’il sentait quelque chose.
Socrate répondit que non.
Il lui pinça ensuite le bas des jambes et, portant les mains plus haut, il nous faisait voir ainsi que le corps se glaçait et se raidissait. Et le touchant encore, il déclara que, quand le froid aurait gagné le cœur, Socrate s’en irait.
Déjà la région du bas-ventre était à peu près refroidie, lorsque, levant son voile, car il s’était voilé la tête, Socrate dit, et ce fut sa dernière parole : « Criton, nous devons un coq à Asclépios ; payez-le, ne l’oubliez pas ».
L’héritage que nous laisse Socrate n’est pas nécessairement de périr pour nos idées. Mais de réapprendre à les honorer.
Non pas sporadiquement, à l’occasion d’élections ou de rassemblements ostentatoires, mais tous les jours, en public comme dans le secret de notre intimité.
✊ 2 - “Elire” c’est choisir et pas seulement dans les urnes
Revenons à nos origines et à celles de nos mots.
Ces semaines-ci, nous sommes toutes et tous appelé(e)s à user de notre droit (et de notre devoir) d’électeurs/ électrices.
Mais que veut dire “élire”, si ce n’est “choisir” - tous les jours et pas seulement sporadiquement devant une urne ?3
Élire : emprunté du latin populaire *exlegere, réfection, d'après legere, du latin classique eligere, « arracher en cueillant, choisir, trier, élire ».
Combien de fois avons-nous eu le courage de faire de véritables choix des dernières années ?
Je pense à toutes celles et ceux d’entre nous qui ne soutiennent jamais publiquement les auteur(e)s de publications qu’ils apprécient voire qu’ils trouvent essentielles, sur Linkedin.
Je pense à toutes celles et ceux d’entre nous qui consommons allègrement des produits à obsolescence programmée, de la fast fashion ou de la nourriture industrielle - au détriment des actrices et acteurs d’une économie plus saine et plus durable.
Je pense à toutes les occasions d’entreprendre, de se positionner, de s’engager et de faire de son métier une oeuvre (comme je le répète si souvent), pas par mégalomanie ou par inconscience mais précisément, par choix.
Arrêtons-nous quelques instants et posons-nous la question.
À côté de combien d’actions quotidiennes passons-nous et depuis combien de temps, pour en être arrivés à une telle urgence réactionnelle ?
✊ 3 - Soyez le changement que vous voulez voir
Ce titre n’est autre que la fameuse citation du Mahatma Gandhi4 que nous lisons souvent en diagonale sur nos feeds saturés d’aphorismes et de bienpensance.
Comme tant d’autres phrases qui nous écoeurent par leur sur- ou mésusage, elle a le pouvoir de nous relever si nous prenons enfin le temps de la comprendre, de l’intégrer et de l’appliquer.
Je n’en appellerai jamais à “voter pour x” ou “faire barrage contre y” : mes opinions politiques et mes recommandations n’ont pas lieu d’être. Elles ne valent rien. Ni plus, ni moins que celles de mon voisin. Car ce n’est pas mon rôle.
En revanche, mon rôle est et a toujours été d’aider les personnes qui me lisent à :
cultiver leur pensée critique
oser défier le consensus
oser clarifier leurs partis pris
transformer leur métier en oeuvre
trouver leur juste place
lire sans relâche pour s’extraire des bulles numériques
écrire sans relâche pour cultiver leur esprit
publier sur un média comme Linkedin pour enrichir le débat public
rester libre
contribuer au monde
Dans cette veine et par fidélité absolue à ma vision depuis toujours, je refuse de céder à la sidération ; je refuse de me lamenter ; je refuse de me laisser asphyxier par des injonctions à faire ou ne pas faire ce qui ne regarde que moi.
Je continue donc mon “business as usual” : expression si péjorative qui semblerait vouloir dire que seul l’argent compte et que l’actualité de la France n’a aucune importance.
Alors qu’il ne s’agit que d’une chose : continuer d’avancer. Vous inciter à lire, à écrire, à réfléchir, à vivre, à aimer.
Extrait de mon post Linkedin de ce jour :
"Entrepreneur(e)s, freelances, dirigeant(e)s, personnes au foyer ou en recherche d’emploi : la société a besoin de votre héroïsme.
Et l’héroïsme aujourd’hui, n’est pas seulement « d’en appeler à faire barrage à x ou de voter pour y ».
L’héroïsme aujourd’hui est de continuer à choisir ce que nous voulons faire de nos vies à travers nos métiers, nos familles, nos œuvres.
« Les victoires et les défaites ne sont en aucun cas le mètre de l’héroïsme : depuis des millénaires, le héros est celui qui décide de sa vie. » (Andrea Marcolongo)
N’en déplaise à l’indignation ambiante, je continuerai de parler d’écriture, de mon club de lecture ou de mes projets entrepreneuriaux.
Pas parce que je me fous de la France, pas parce que je me fous de notre société, pas parce que je me fous de notre quotidien.
Mais précisément parce que je les aime et que je refuse de les laisser sombrer.
Ne nous laissons pas punir deux fois."
-
Je serais heureuse et reconnaissante de vous voir, ou mieux, de vous lire, sous mon post Linkedin du jour qui synthétise cette missive.
-
Vous êtes presque 1200 !
A bientôt avec la même ferveur,
Quittons nos postes de spectateurs,
À pas de géants incandescents.
Marie 💙
https://ledroitcriminel.fr/le_phenomene_criminel/crimes_et_proces_celebres/condamnation_socrate.htm
https://ledroitcriminel.fr/le_phenomene_criminel/crimes_et_proces_celebres/condamnation_socrate.htm
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9E0787#:~:text=xie%20si%C3%A8cle%2C%20eslire%2C%20%C2%AB,choisir%2C%20trier%2C%20%C3%A9lire%20%C2%BB.
Merci Cynthia Piaud pour l’inspiration : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7213816755234705409?commentUrn=urn%3Ali%3Acomment%3A%28activity%3A7213816755234705409%2C7213825719011807232%29&dashCommentUrn=urn%3Ali%3Afsd_comment%3A%287213825719011807232%2Curn%3Ali%3Aactivity%3A7213816755234705409%29
Merci pour cette très belle missive que j'ai eu bonheur à lire, une nouvelle fois. Tant sur le fond que sur la forme.
Je suis admirative et reconnaissante envers nos héros du quotidien mais ne pensais pas faire preuve d'héroïsme en m'engageant au quotidien.
Ta missive me permet d'en prendre conscience, en toute l'humilité, et cela m'encourage à poursuivre mes actions.
Merci Marie🙏
PS : la 1ere partie sur Socrate est édifiante.