Avoir peur d'écrire en public et y aller quand même.
✍️ Correspondances avec Ewa Crétois (Com & Cru) - par BILS
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Hello you,
Si vous venez d’arriver, bienvenue ! Vous tombez à pic pour la renaissance de mon concept éditorial “Correspondances”.
Le pitch : j’échange par écrit sur plusieurs semaines voire mois avec un(e) pro de l’écriture, de la communication ou du domaine créatif et je publie notre échange tel quel dans une newsletter.
Voici quelques correspondances passées [Avec Loris Colantuono, Storyteller ; Avec Kevin Pujol, auteur de la newsletter Le Bateleur ; Avec Dimitri Répérant, Coach vocal]
Si vous êtes ici depuis un moment, merci !
Let’s go 💎👇
Un jour d’hiver près de Deauville, je me baladais dans la campagne Normande et j’ai reçu un vocal d’Ewa Crétois (Com & Cru).
Ewa, c’est une pro de la stratégie édito pour les acteurs du vin.
Elle avait déjà participé à 1 ou 2 challenges BILS et en général quand vous la lisez sur Linkedin, vous vous en rappelez. Avec elle on n’est pas dans le registre du style tiède. Et au-delà du style, Ewa a une vraie vision stratégique de l’écriture.
Ce que beaucoup semblent oublier …
J’ai trouvé le vocal d’Ewa tellement intéressant et la conversation qui a suivi était tellement riche qu’à un moment j’ai dit :
“Ok, stop, stop, stop, Ewa, on ne peut pas laisser notre échange moisir dans un coin de Whats App. On va tout reprendre par écrit et je vais relancer une Correspondance.”
Entre la vie, les hauts, les bas, les contre-temps et pannes de doigt, notre correspondance a pris son temps, mais aujourd’hui elle est là, devant vous, presqu’un peu intimidée et elle est prête à se laisser dévorer.
💙
#1 - Jeudi, 17 Avril 2025, 10:16 AM
Hello Ewa, je rebondis sur ton dernier vocal. Merci d'ailleurs !
Tu m'as dit un truc super intéressant, enfin même 2.
Le 1er : que j'avais vachement changé de posture et que j'étais devenue un peu une "bad bitch" !
J'ai beaucoup ri en entendant ça (le mot "bitch" est tellement drôle quand on sait l'utiliser) et en même temps je me suis dit..."une bad bitch, moi ?"
Pour les personnes qui se demanderaient exactement ce que ça veut dire ; c'est carrément un concept à part entière pour définir les femmes qui n'ont pas peur d'être femmes dans toutes les dimensions que ça implique : avec des imperfections physiques et psychologiques, avec des élans de colère, avec des désirs assumés - sexuels mais pas que - avec de la personnalité (bien trempée) ; etc.
En gros, on est aux antipodes du cliché atroce : "sois belle et tais-toi".
Et puis tu as enchaîné avec : "tu t'en fous de ce que les gens pensent, t'y vas et ça je trouve ça génial."
Là je me suis posée et j'ai réfléchi parce que j'ai senti qu'il y avait un bug dans cette phrase !
Je me suis littéralement arrêtée (au bord d'une petite rivière normande) et je me suis dit : "non mais ça c'est archi faux (si je suis honnête)".
Sache que je ne m'en fous PAS du tout ! (malheureusement).
Je me suis dit que cette croyance que tant de personnes diffusent sur Linkedin d'être "bullet proof" méritait un coup de pied au Q façon bad bitch !
Oui j'ai des convictions et je les exprime parce que je ne sais pas faire autrement (je déteste le mensonge et la tiédeur).
Non je ne revendique rien (ce n'est pas parce que j'ai des convictions que j'éprouve le besoin d'être identifiées à elles)
Et non, je ne suis pas du tout hermétique à ce que l'on peut penser de moi.
Je regarde mes stats Linkedin tous les jours.
Je suis plombée par les commentaires pénibles même quand je ne connais pas la personne (la bêtise me met hors de moi, genre...viens pas me parler quand je suis en colère tu risquerais d'avoir peur !)
Je suis gavée quand l'algorithme part en freestyle et que certains de mes posts sont invisibles (bon "invisible" c'est rare, mais "moins visibles", ça arrive).
Ce que je veux dire c'est que je suis humaine, à la fois déterminée, forte et vulnérable.
Je crois que c'est important de le dire et même de l'écrire.
On a le droit d'être sensible aux paroles des autres, à leur avis, à nos propres performances, je crois.
Le vrai enjeu c'est de ne pas se laisser modifier par eux - au point qu'un commentaire pénible te sape une journée entière.
Et là, clairement, je n'ai pas encore un bouclier assez épais. Mais j'y bosse !
Je ne sais pas ce que tu en penses ? Ça te rassure que je sois une bad bitch humaine ? :) Ça te surprend ? Et toi, qui cartonnes sur Linkedin aussi : tu gères tout ça comment ?
À toi.
#2 - Samedi, 26 avril, 5:33 PM
Coucou Marie,
Je profite d'un moment de répit pour te répondre. J'ai préféré attendre un petit peu plutôt que de te faire un retour sans saveur ni odeur. Je ne suis pas une grande amatrice des réponses "au cul du cam's" comme on dirait...
Déjà, je commence cet échange en clamant haut et fort que LinkedIn me saoule.
Mais comme je te le disais lors de notre dernier échange : c'est de ma faute et je l'assume. Pourquoi donc ? Eh bien parce que Bibi ne se résout pas à passer 30min par jour pour faire du tri. Je repousse ce "ménage de printemps" depuis plusieurs étés et me voilà assaillie de posts qui ne me correspondent plus ou qui ne m'intéressent pas du tout.
Et c'est là que toi et ta plume entrez en scène.
BOUM.
Je te l'ai déjà mentionné, mais j'adore te lire.
Je me délecte de tes posts que je lis quasi tous.
La raison étant : tu ne rentres dans aucun moule et ton écriture est "raw" / "unapologetic".
J'ai envie de me foutre des baffes, mais je suis désolée le mot "raw" en anglais est différent du "cru" français. Que l'on me lance Le Petit Robert en pleine face sacrebleu.
Effectivement, j'ai utilisé le mot "bad bitch" pour qualifier ta nouvelle posture. As-tu diamétralement changé depuis que je te suis (phrase de stalker auto-détectée : hello you) ? Je ne pense pas.
Mais est-ce que ma lecture de LinkedIn a changé ? Est-ce que tes publications détonnent ?
Je crois que oui.
Il y a une grosse différence entre le personal branding et le personal branling.
Et sur LinkedIn, soyons clairs : on pratique beaucoup plus le second. À un niveau olympique.
C’est normal, ça rapporte plus de likes, tu me diras.
Mais combien rentrent vraiment dans le détail ?
Combien mettent leurs tripes dans leurs textes ?
Combien prennent des risques ?
Combien disent la vérité ?
Combien acceptent leur humanité, leurs failles, leur chaos intérieur ?
Ce qui détonne dans ton écriture c'est ce côté humain. HUMAN VS MACHINE.
En plus d'être une bad bitch, tu es un rempart contre la fadeur, contre la tiédeur déguisée en authenticité à deux balles, contre le contenu prémâché qui oublie que penser et ressentir : c’est (encore/déjà?) un acte de résistance.
Alors évidemment quand tu m’as dit ne pas du tout te foutre de ce que les gens pensent, j’ai été suprise.
Dans tes prises de paroles, rien ne transpire de cette lutte intérieure. Tout semble d’ailleurs jaillir avec une évidence brute, une force presque désarmante. Pourtant, en te lisant, je pense avoir mis le doigt sur un truc.
Moi qui croyais être blindée, eh bien j’ai réalisé que je ne l’étais pas autant que je l’aimerais. DANG.
Pour répondre à ta question, je gère la situation comme je peux à vrai dire. Je ne checke pas mes stats tous les jours, mais quand j’ai le moral dans les josettes parce qu’un post sur lequel je me suis saignée ne démarre pas et que je me plains à Julia (mon associée) elle me sert la même question à chaque fois “tu préfères les likes ou avoir de quoi te payer à la fin de chaque mois ?” Globalement, cette question me calme.
Elle a raison, en même temps Julia est pleine de bon sens. À bien des égards, c’est ma boussole.
Je me suis également rendu compte qu’il y avait une dimension que j’avais complètement sous-estimée dans le terme “bad bitch”.
La sensibilité.
Pas de sensiblerie, pas l’émotion dégoulinante et baveuse.
La vraie sensibilité : celle qui ressent tout à fond, qui capte l’invisible, qui capte l’indicible, qui encaisse les coups mais qui choisit quand même d’avancer envers et contre tout.
Être une bad bitch, ce n’est pas être hermétique à la critique. C’est être sensible et y aller quand même, plein fer.
C’est être conscient(e) que l’avis des autres peut toucher, parfois même blesser TOUT EN CHOISISSANT de ne pas se laisser définir par lui.
Je crois que cette définition là me plaît rudement plus.
Alors, qu’est-ce que cela dit de nous cette affaire ? Eh bien que nous sommes humaines, complexes et poreuses (mot dégueu).
Un constat rassurant, non ?
Parce que si un jour on devenait totalement insensibles, ce ne serait plus de la force. Ce serait de l’indifférence.
Et l’indifférence, elle, n’a jamais rien construit.
Qu’en dis-tu ?
#3 - Dimanche, 27 avril, 11:36 AM
Ewa, merci.
Je crois que ta réponse incarne ce que j'entends par "écrire avec Force et Style".
Il s'agit d'écrire des idées pointues avec un style ample.
Et là tu mets le doigt sur l'évidence, ou plutôt tu la révèles.
Quand on écrit sur le web et que l'on s'expose, il n'est pas question de "s'en foutre", de se blinder au point de ne plus rien sentir ou de bloquer son empathie ; il est question de muscler son courage.
(Valeur essentielle, en priorité chez les entrepreneurs)
Publier ses textes en ligne à l'ère de l'IA et de l'apologie du raccourci est un exercice périlleux qui flirte avec une forme de résistance.
Ce n'est pas : "j'y vais et je m'en fous", mais plutôt "j'ai peur mais j'y vais quand même, parce que c'est nécessaire".
L'autre jour je discutais avec une nana de mon âge qui me disait à quel point elle méprisait les réseaux sociaux ; à quel point écrire online n'avait aucun sens voire aucune valeur à ses yeux et à quel point rien ne valait un vrai bon livre.
Moi qui suis une amoureuse de la littérature et du papier, j'ai réussi à être choquée.
À aucun moment écrire sur le web n'est un sous-exercice ou une sous-tâche.
À aucun moment le livre ne doit s'opposer au web.
À aucun moment le mépris n'a sa place dans le registre de l'écriture, quel que soit son format.
Il n'y a pas monnaie plus rare aujourd'hui que l'attention des gens.
Savoir capter l'attention de personnes qui scrollent sur leur feed les yeux dans le vague, les arrêter avec un "hook" bien senti, leur donner envie de cliquer sur "voir plus", leur donner envie de rester, leur donner envie de commenter voire de nous contacter...ce n'est pas un jeu, c'est une prouesse. Et je défie les détracteurs du web de s'y essayer.
Mais évidemment, il y a plusieurs façon de procéder.
J'en vois 2 :
Y aller à coup d'IA, de hacks, de mécaniques d'engagement que je trouve d'une vulgarité sans nom : agiter avec des polémiques, promettre la lune contre un commentaire, se lancer dans une guerre d'ego online et en faire des caisses pour sortir du lot.
Ou y aller à coup de mots justes, de pensées de première main et de textes qui ont un goût, une odeur, une musique, un toucher et une saveur.
Tu sais quelle voie j'ai choisie et tu sais comme elle est difficile ; mais c'est la seule compatible avec la vie à mon sens.
J'en profite pour caser un "pattern interrupt" en pleine correspondance avec cet extrait de chanson de Charlotte Cardin qui incarne tout ce que j'aime dans la langue :
"You make me feel good
Ta main sur ma taille
Ensemble dans le taxi
C'est vraiment super sexy
You make me feel nice
Frissons everytime
J'y ai pensé mille fois
If you want me, dis-le-moi"
Il y a une hybridation français/ anglais ; il y a du rythme ; il y a une vibe (sensuelle) ; il y a un flow mimétique d'une situation que l'on s'imagine parfaitement ; il y a des rimes...:)
Tu vois le genre ?
Ça, c'est une des manières d'exprimer la vie à l'écrit, que j'aime !
Et a d'ailleurs toute sa place sur Linkedin qui est une Agora numérique bien plus qu'un "QG business".
Mais depuis quelques semaines, entre l'explosion des IA Génératives et le changement d'algorithme, j'ai l'impression d'assister aux funérailles de la pensée et du style.
Où son passés les entrepreneurs humains qui pensent et qui vibrent ?
#4 - Jeudi, 22 mai, 12:35 PM
C’est un beau compliment, je vais le garder précieusement pour les jours de disette.
Ceci dit, cette personne a juste exprimé tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Combien de fois ai-je entendu : « Moi, je pourrais pas raconter ma vie comme tu le fais sur LinkedIn » ?
C’est drôle ce raccourci quand même ? Sur le coup je me souviens de l’avoir super mal pris, d’avoir passé mes posts au peigne-fin et de ne pas avoir compris à quoi cette personne faisait référence.
Est-ce que parler de mon activité signifie raconter ma vie ? Dans ce cas là, j’accepte de “raconter ma vie” si ça me permet de la gagner.
En règle générale, les personnes qui me font ce genre de retour sont souvent salariés et je me dis que je les comprends. Est-ce que si je regardais ce que je fais aujourd’hui avec mes yeux de salariés d’il y a 5 ans je ne serais pas en train d’halluciner. P’tet ben que oui, p’tet ben que non, allez savoir.
Je vais pas mentir, je ne me suis pas lancée sur LinkedIn par plaisir mais par nécessité. Celle de gagner ma croûte.
Mais pour la petite Ewa qui rêvait d’être archéologue ou journaliste, publier régulièrement ici, c’est un peu comme voir son nom imprimé quelque part. C’est gratifiant.
Et oui, écrire sur LinkedIn, c’est à la portée de tout le monde. Savoir aligner des phrases, ça s’apprend. Mais savoir créer du lien, susciter l’échange, bâtir une communauté… c’est un tout autre jeu.
C’est d’ailleurs pour ça que l’avènement de l’IA ne me fait pas peur (musique dramatique). Pourquoi ? Parce que je n’ai jamais eu autant de demandes pour des stratégies de marque et des chartes éditoriales. Les gens pourraient très bien se dire « Elle est sympa Ewa, mais je vais économiser et laisser l’IA me pondre des posts pour 20 balles par mois ».
Et pourtant, ils reviennent. Parce que ce qu’on attend aujourd’hui, ce n’est pas juste des mots. C’est une voix, une vision, une histoire. Et ça, aucun robot ne le remplacera.
Enfin je crois.
J’aurais encore aimé t’écrire pendant des heures mais mais mais, je suis sous l’océan.
Dis-moi ce que tu en penses et promis j’essaye de te répondre avant 2026 (trololol).
#5 - Jeudi, 22 mai, 1:51 PM
Mais si je boucle la boucle Ewa :
Le mot qui revient tout le temps dans notre échange c'est "incarné".
Ce que tu aimes dans ce que j'écris c'est que ça sonne vrai.
Ce que les gens semblent exprimer quand ils disent maladroitement que tu "racontes ta vie" alors que tes posts Linkedin sont hyper pros (+ que les miens), c'est en réalité que tu racontes ton talent.
Dans le sens où tu le fais vivre à travers des histoires ou une tonalité quasi orale.
On t'entend écrire.
Et les gens ont souvent une peur tellement violente d'exprimer ce qu'ils pensent - même sur leurs sujets de compétence - qu'ils ont l'impression qu'une pro qui écrit avec du style est une pro qui se met à nu !
Mais provoquer quelque chose chez l'autre qui te lit n'est pas forcement impudique ou intime.
Séduire intellectuellement n'est pas forcément une déviance.
Pourquoi donc tant d'adultes sont confinés dans leur tête ?
Je suis assez choquée de la difficulté de beaucoup de gens à s’exprimer, en réalité.
Je ne te parle même pas des gens qui m'écrivent en DM pour me dire : "j'ose pas commenter publiquement votre post sur la ponctuation"
Mais LOL. C'est vrai que c'est un sujet hautement sensible, la ponctuation !
Putain de prisons.
Ewa on se rapproche de la fin.
Alors je te balance cette question comme ça :
On me dit souvent que je ne cherche pas à séduire (et que c'est agréable). Penses-tu que ne pas chercher à séduire puisse être séduisant ?
:)
#6 - Mercredi, 18 juin, 1:17 PM
Je débarque comme une fleur après un mois de silence radio, quelle audace.
Pour les lecteurs, sachez que cela n'est pas tout à fait vrai, puisque j'ai parlé à Marie hier... sur WhatsApp. Mais je digresse.
Tu sais Marie, je crois que l'écriture, quelle qu'elle soit, sur les réseaux, dans un carnet, sur un mur, est toujours personnelle. Elle part d'un endroit intérieur.
Elle exige qu'on assume ce que l'on pense. Et surtout, que l'on accepte de le rendre visible.
Écrire c'est s'exposer. C'est donc accepter d'être lu, compris... ou pas.
C'est accepter les désaccords, les malentendus, les projections.
Et ça va peut être vous paraître évident mais je le dis quand même : quelqu'un qui n'est pas d'accord avec vous n'est pas un hater.
Un troll n'est pas un hater.
Un hater c'est quelqu'un qui ne débat pas mais déverse, cherche à blesser, attaque la personne mais pas l'idée.
Je trouve ça important de ne pas normaliser la haine... Tout comme je trouve urgent d'arrêter de diaboliser le désaccord (et les débats d'idées).
Débattre c'est sain. Confronter des idées, c'est sain.
Personnellement je suis plutôt rassurée quand je ne suis pas d'accord avec quelqu'un que j'aime/j'estime. Ça prouve qu'on ne s'est pas encore tous transformés en clones.
À ta question, j’ai envie de répondre par une autre.
(la relouuuu).
Et si le vrai sujet, ce n’était pas “est-ce qu’on cherche à séduire quand on écrit”... Mais plutôt : “Peut-on écrire sans se soucier du regard des autres ?”
Et là, c’est une toute autre paire de manches.
Parce que même si on n’écrit pas pour plaire, on espère — a minima — être lu.
Alors oui, le regard extérieur existe.
Mais la vraie question, c’est le degré de dépendance qu’on entretient avec lui.
Et ta question, justement, je la trouve brillante : “Ne pas chercher à séduire, est-ce que ça peut être séduisant ?”
Je crois que oui.
Et pour te répondre, j’ai envie de faire un parallèle avec le charme.
Parce que le charme, lui, reste quand la beauté s’en va.
Très souvent (bon, donnée non scientifique ok), ce sont les personnes qui ne cherchent pas à séduire, qui sont juste là, présentes, profondes, qui me bouleversent le plus.
Le charme, c’est cet alignement discret entre ce que l’on est vraiment et ce que l’on choisit d’exprimer.
Et ça, oui, c’est profondément séduisant.
Mais atteindre ce stade, ça demande, je crois, une certaine paix intérieure.
Un truc stable, souple, presque lumineux.
Alors, est-ce qu'on écrit pour soi... ou pour les autres ?
Écrire c'est un drôle de geste quand même quand on y pense.
#7 - Mercredi, 18 juin, 11:06 AM
Hello Ewa, on a commencé cet échange en parlant du regard des autres, on le termine en parlant du regard des autres, je crois qu’on tient un truc ;)
Je suis à J+6 d’une chirurgie qui a marqué un tournant dans ma vie et je me permets justement de l’écrire ici, parce que j’ai perdu 10 ans de ma vie à me battre contre la douleur de l’endométriose (dont j’espère être libérée désormais).
C’est pour moi bien plus qu’un constat, c’est une forme d’urgence.
Pas de “faire”, mais “d’être”.
On n’a pas le temps. On n’a vraiment pas le temps de se cramoisir le cerveau avec la peur de ce que les autres (qui ont aussi peur) vont penser de ce que l’on dit, fait ou pense.
Je sais que c’est dur. Je sais que c’est beaucoup plus confortable d’avoir la validation des autres. Je sais que c’est important de se sentir soutenu(e). Mais on ne peut pas mettre la terre entière d’accord. Il faut avancer. Il faut oser. Il faut vivre.
L’écriture n’est pas un métier ou un labeur, c’est un droit d’exister.
Et si je donne l’impression d’être inébranlable quand j’écris, ce n’est pas que je suis inébranlable dans la vie (au contraire), c’est que l’écriture me renforce, me répare et me consolide.
C’est tout ce que je souhaite à chaque personne qui nous aura lues jusqu’ici.
C’est tout ce que je te souhaite aussi, au moins pour l’éternité :)
Qu’est ce que l’on peut encore te souhaiter que j’aurais pu oublier ? Un désir particulier ?
PS : merci pour cette Correspondance et à bientôt. Quelqu’un m’a dit que tu comptais m’envoyer des livres bien frais pour ma convalescence 💙
#8 - Mercredi, 18 juin, 5:05 PM
C'est donc ici que se termine notre échange.
C'était chouette et cela m'a fait beaucoup de bien d'écrire sur autre chose que le travail tiens. À chaque réponse, j'avais l'impression de devoir férocement affûter ma plume et ma réflexion. J'avais oublié à quel point c'était plaisant de jouter textuellement. Tout particulièrement avec une obsédée textuelle comme toi Marie.
Alors merci à toi, merci d'être là, merci d'être toi et merci de nous donner envie d'écrire avec Force et Style, un peu plus chaque jour.
Que peut-on me souhaiter de plus ?
De l'amour, de la gloire et du rosé pour l'été ?
❤️ Vous avez aimé cette correspondance ?
Venez envoyer de l’amour, de la gloire et du rosé à Ewa en DM → Let’s go 🍇
Et venez me dire comme BILS est le rayon de soleil de votre été en DM → Marie, you shine bright like a diamond 💎
PS : les éditions BILS habituelles reprennent dès le prochain envoi. Si vous les aimez, il y aura de nouvelles Correspondances ici et là :)