⚔️ 13 techniques d'écriture infaillibles (inspirées de Gaël Faye)
Ligne Edito #19 - Les armes de style de Gaël Faye
« Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous » (Franz KAFKA)
💙 Hello everyone :
Quand j’ai lancé les éditions "Ligne Edito", ma promesse était de décrypter la ligne éditoriale Linkedin d'une personne de mon réseau qui s'exprime avec Force et Style, pour vous aider à bâtir la vôtre.
En 2024 : je poursuis cet objectif mais je l’élargis.
↳ Ecrire sur Linkedin pour bâtir ses audiences, développer ses prises de parole, son charisme, son style et sa place reste une voie fructueuse.
↳ Mais s’inspirer de Linkedin pour écrire sur Linkedin ne suffit plus.
L’inspiration est partout : dans le mouvement du quotidien comme dans les lignes discrètes des livres de nos bibliothèques.
En ligne comme hors ligne.
Dans le passé comme dans le présent.
Cessons de nous enfermer dans un bocal trop petit pour nous.
Voyons loin et écrivons grand.
Dans cette 20e édition de "Ligne Edito", je nous sors de Linkedin pour mieux y revenir et j'attaque avec douceur, la plume d’un artiste de notre temps : Gaël Faye.
Compositeur, interprète et écrivain, Gaël Faye est l’auteur de quatre albums, Pili-pili sur un croissant au beurre (Universal Music France, 2013), Rythmes et botaniques (Caroline Records, 2017), Lundi Méchant en 2020 et l'EP Mauve Jacaranda en 2022 ainsi que d’un roman, Petit Pays (Grasset, 2016) - prix Goncourt des lycéens.
🌴 Entrons dans le vif du sujet.
Vous êtes sur le point de découvrir 13 armes de style que le rappeur, auteur, compositeur, interprète et écrivain Gaël Faye emploie pour écrire comme personne.
Vous êtes sur le point de vous les approprier.
Vous êtes sur le point de passer un cap d’écriture.
Mettez une musique de fond ou préférez-lui le silence si vous voulez, et plongez. 🐠
13 armes de Gaël Faye pour écrire avec Force et Style 🗡️
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🔵 1. Choisissez votre rôle et incarnez-le entièrement
Je vois déjà la brigade de l’authenticité débouler à grands pas agacés, munie d’étendards où figure l’infernale injonction “ne joue pas de rôle, sois toi même !”.
Si cela suffisait, cela se saurait :)
Prendre la parole en ligne, en son nom, implique de choisir :
Ce que l’on veut dire, comment on veut le dire et à qui.
(Perso, les photos de chat mignon ou les journaux intimes balancés en public sont peut être “authentiques”, mais ils sont aussi inappropriés - et ce n’est pas rien de le dire).
Il s’agit donc bien de jouer un rôle, mais pas n’importe lequel : le sien !
Quand Gaël Faye écrit son roman “Petit Pays”, en se mettant dans la peau du jeune Gabriel né au Burundi, il choisit de voire le monde avec les yeux de son personnage.
Il joue le jeu de Gabriel.
Il parle au nom de Gabriel.
Il respire comme Gabriel.
Jusqu’à imaginer et adopter le regard unique de Gabriel sur le monde (qui n’est pas sans me rappeler la voix du “Petit Prince” de Saint Exupéry).
Extrait de “Petit Pays” :
« J’ai les yeux marron donc je ne vois les autres qu’en marron. Ma mère, mon père, ma soeur (…) ils sont tous lait au café. Chacun voit le monde à travers la couleur de ses yeux. Comme tu as les yeux verts, pour toi, je serai vert »
Vous voyez, c’est ce niveau de crédibilité là que je vous conseille d’aller chercher dans des personnages fascinants de la littérature pour donner vie à vos prises de parole Linkedin.
👉 Concrètement sur Linkedin :
Quand vous écrivez un post, entraînez-vous à vous fondre dans une atmosphère, à emprunter une voix, à vous charger d’une énergie - qui correspondent à votre “personnage public” - puis posez vos mots, rythmez vos lignes et adoptez une tonalité en fonction de ces choix.
Il ne s’agit pas de ne pas être “vous-même” (qui veut tout et rien dire à la fois), mais de choisir quelle “déclinaison de vous-même”, vous souhaitez exprimer à travers vos posts (ce qu’on traduit dans le jargon par la douce expression de “personal branding”).
🔵 2. Simplifiez vos messages grâce aux analogies
Gaël Faye excelle dans l’art de projeter ses lectrices et lecteurs dans d’autres temps, d’autres lieux, d’autres ambiances que là où elles et ils se trouvent.
Il les emmène avec lui.
Pour y arriver, il utilise entre autres la comparaison qui est une figure d’analogie, au même titre que la métaphore, mais en plus explicite.
Exemple du livre “Petit Pays” :
“Les grandes vacances, c’est pire que le chômage (…) “nous nous sommes ennuyés comme des varans crevés”
Comparaison drôle et inattendue entre “les grandes vacances” (sensées être sympas !) et “le chômage” (sensé être chiant) ; renforcées par “pire que”.
“S’ennuyer comme des varans crevés” est une variante de l’expression “comme des rats morts”, adaptée au décor du Burundi !
👉 Concrètement sur Linkedin :
Je ne vous conseillerai jamais d’écrire comme si vous vous adressiez à des enfants de 5 ans (n’en déplaise aux copywriters en carton), mais je vous encourage vivement à vous mettre dans la peau d’un enfant, comme Gabriel, qui voit souvent le monde sous l’angle d’analogies éclairantes.
C’est une manière puissante de faire passer des messages parfois profonds, par le biais d’images simples.
🔵 3. Ecrivez vos textes comme des slams
Gaël Faye est rappeur ET compositeur ET interprète ET écrivain.
Ok, ça aide pour écrire des textes qui pulsent.
Justement, inspirons-nous en !
Les mots sont une musique qui peut sonner faux ou dégager une harmonie envoutante, selon comment on les choisit et selon comment on les arrange.
Dans ce texte écrit pour la campagne Pilot (dont Manon Leboeuf parle dans ce post), Faye multiplie les effets sonores :
"J'écris plein de ratures
de fautes, d'éraflures.
Bitume-littérature,
j'écris pour tomber l'armure.
Forrage de béton armé,
mon coeur, un gisement d'encre,
ma mine et le papier dialogue
dans un crissement tendre.
Méfie-toi de ce qui se trame
derrière mon visage calme :
j'écris le feu, le fracas, les cris, le vacarme,
j'écris depuis des lunes, l'infini ou l'infime
que ce soit la plume ou l'épée,
y'a que la pointe qui s'exprime."
[Gaël Faye]
rimes riches [a][u][re]
analogie [plume][épée]
registre de la rue [bitume] [béton armé]
registre de la mine [gisement] [forrage] [mine]
Double sens [mine] de crayon [mine] que l’on exploite
Allitérations : méfie [Toi] de ce qui se [Trame] ; le [Feu], le [Fracas]
Assonances : [depuIs] des lunes, l’[infinI] ou l’[infIme]
👉 Concrètement sur Linkedin :
Aucune accroche putaclic, aucun biais cognitif, aucune technique persuasive n’a de sens si le texte de son auteur(e) n’est pas animé par un minimum de désir esthétique, de force, de musique. Les IA savent faire le 1er, elles ne peuvent ne serait-ce même effleurer le 2e.
Cherchez le Beau, lisez toutes sortes de texte en dehors de Linkedin, revenez sur votre feed des sons plein la tête et écrivez.
🔵 4. Cultivez le mode “conversationnel”
C’est un des mots les plus incompris dans le lot des conseils de copywriting.
Trop de personnes l’interprètent comme de l”’écrit-parlé”.
Or, non.
Le mode conversationnel est un mode d’écriture fluide qui se situe entre le registre encyclopédique très froid et le registre écrit-parlé, très agité.
Encore une fois, le roman “Petit Pays” de Gaël Faye nous délivre une masterclass.
Lol.
Vous pensez vraiment que j’aurais pu écrire “nous délivre une masterclass” ? :)
Anglicismes, contre-sens, expression usée jusqu’à la moelle : rien ne va dans cette phrase là. Bref, c’était pour voir si vous suiviez :) (“Pattern Interrupt” comme on dit dans le jargon).
Mais Faye n’en n’est pas moins un exemple à suivre.
A travers ses nombreux dialogues qui exploitent des expressions très signées (de l’enfance, du Burundi, etc.), mais aussi à travers ses descriptions, l’artiste et romancier écrit de manière vivante sans jamais dénaturer la qualité de sa plume.1
Exemple dans les paroles de la chanson “On a pris le temps” avec le “hein” typiquement emprunté de l’oral :
“C'est tellement rare quand ça marche, hein
C'est tellement rare que quand ça marche, faudra
Battre le fer tant qu'il est chaud
Le fer tant qu'il est chaud”
ou encore, ce dialogue bouleversant dans “Petit pays” :
“- La guerre entre les Tutsi et les Hutu, c'est parce qu'ils n'ont pas le même territoire ?
- Non, ils ont le même pays.
- Alors... ils n'ont pas la même langue ?
- Si, ils parlent la même langue.
- Alors, ils n'ont pas le même dieu ?
- Si, ils ont le même dieu.
- Alors... pourquoi se font-ils la guerre ?
- Parce qu'ils n'ont pas le même nez.”
👉 Concrètement sur Linkedin :
Vous pouvez insérer des dialogues dans vos posts (fictifs ou réels) pour faire passer vos messages de façon dynamique et forte.
Vous pouvez aussi vous passer de dialogues et écrire vos textes un peu comme si vous retranscriviez un audio de vous (essayez d’ailleurs, c’est une super technique).
Dans cette édition de newsletter par exemple, je me rapproche de ce mode conversationnel - à ma façon - en m’adressant à vous un peu comme si vous étiez devant moi.
🔵 5. Les mots sont des ondes sensuelles
Trop de personnes confondent l’écriture “directe” avec l’écriture “pauvre”.
Ce n’est pas parce que votre style est compliqué que votre plume est belle ; et à l’inverse, ce n’est pas parce que vous allez droit au but que vous n’avez pas de style.
En fait, ça n’a même rien à voir.
Le style n’est pas un vernis ou de la cosmétique ; c’est l’expression d’une essence.
Pour nourrir votre style et le mettre au service de vos idées, je vous encourage à oser le registre sensoriel (voire sensuel, si vous voulez).
Lisez ce nouvel extrait de “Petit Pays” :
“Rien n’est plus doux que ce moment où le soleil décline derrière la crête des montagnes. Le crépuscule apporte la fraîcheur du soir et des lumières chaudes qui évoluent à chaque minute. À cette heure-ci, le rythme change. (…) “je retrouvais Gino devant son garage, sous le frangipanier odorant” (…) “on écoutait les nouvelles du front sur le petit poste grésillant”.
Ce passage est tout en prose et pourtant, il est absolument poétique.
On y retrouve :
le sens olfactif avec les odeurs enivrantes du frangipanier ;
le sens auditif avec les sons un peu brouillés de la radio;
le sens tactile avec la douceur du moment et la fraîcheur du soir
le sens visuel avec la chaleur des lumières du soleil couchant.
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👉 Concrètement sur Linkedin :
“Non mais allo Marie, c’est un extrait de roman ça. On n’écrit pas sur Linkedin comme dans un livre !”
C’est très juste, et pourtant …
Je vous invite à mettre des repères temporels et sensoriels dans certains de vos posts, pour affirmer votre style et inviter vos lecteurs dans votre univers.
A force d’entraînement, vous parviendrez même à parler de business avec force et style :)
🔵 6. Utilisez le présent de narration pour parler d’action
C’est un grand classique dans mes coachings : encourager les personnes que j’accompagne à ne pas raconter des scènes passées “au passé” mais avec le “présent de narration”.
Vous savez, un peu comme les sportifs quand ils racontent leur match :)
“X me fait une passe, j’arrive à bien me placer, je tente un tir et je marque” (dixit Z en plein interview post match).
Le présent de narration est le moteur de l’action.
En gardant les verbes au présent, l’auteur(e) parvient à figer le moment - aussi passé soit-il et à le faire revivre aux autres.
Comme dans cet extrait de “Petit Pays” :
« Les gens rentrent tranquillement du travail, les gardiens de nuit prennent leur service, les voisins s’installent devant leur portail. »
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👉 Concrètement sur Linkedin :
Pour raconter une histoire passée qui capte l’attention, utilisez le présent de narration. Il compense les effets distants de l’asynchronisme des medias sociaux : “j’écris à un instant t, tu me lis en différé à un instant t+1” et crée un lien immédiat entre vous et celles ou ceux qui vous lisent
🔵 7. Cultivez vos références culturelles
Le livre “Petit pays” de Faye est imprégné de ses références culturelles, mais pas seulement à travers les descriptions de l’auteur ; également à travers les extraits de chansons ou de poèmes qu’il intègre entièrement dans son récit.
Comme dans l’épilogue où il cite le poète haïtien Jacques Roumain (1907-1944) :
« Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et des femmes… »
Ou dans ses chansons, comme “Histoire d’amour” où l’on retrouve :
des rimes (-ria),
des évocations sensorielles (couleur café, parfum vanilla)
et des références culturelles (“ma malaria” qui évoque le paludisme, “alléluia” et “femme jardin” qui reprennent le titre “Alléluia pour une femme-jardin” de René Depestre, influence majeure de Faye2) all-in-one :
“Alléluia Ave Maria
Femme-jardin ma malaria
À toutes les saintes de Bahia
Couleur café, parfum vanilla”
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👉 Concrètement sur Linkedin :
Les paroles de chanson, les extraits de discours, les citations, les lignes fortes d’un roman, les gimmicks, slogans publicitaires et autres marqueurs culturels qui VOUS touchent, sont les ferments de votre style d’écriture.
Citez-les !
Ils vous permettent de dire beaucoup de choses de vous sans avoir à vous mettre à nu, ce qui n’est pas anodin.
🔵 8. Cultivez un vocabulaire riche
Plus vous mettrez des mots précis sur vos analyses et vos ressentis, plus vous développerez la finesse de vos perceptions et vos armes pour les manifester.
Luttez donc contre les règles de simplification de tout et à outrance que l’on vous assène.
La richesse de votre vocabulaire ne pourra que vous aider, tant que vous ne vous en servez pas comme levier de condescendance.
Vos mots doivent bâtir des ponts, pas des murs.
Gael Faye le fait encore une fois à merveille dans son roman comme dans ses chansons.
Exemple d’extrait de “Petit Pays” :
“Des jours et des nuits qu'il neige sur Bujumbura. Te l'ai-je déjà dit ?
Les flocons se posent délicatement à la surface des choses, recouvrent l'infini, imprègnent le monde de leur blancheur absolue jusqu'au fond de nos cœurs d'ivoire. Il n'y a plus ni paradis ni enfer. Demain, les chiens se tairont. Les volcans dormiront. Le peuple votera blanc. Nos fantômes en robe de mariée s'en iront dans le frimas des rues. Nous serons immortels.
Depuis des jours et des nuits, il neige.
Bujumbura est immaculé.”
Je ne sais pas quel effet cet extrait “tout de blanc vêtu” vous fait, mais moi il me touche et m’enchante. Gaël Faye y développe un vocabulaire exaltant et ce n’est aucunement pour dominer son lecteur, mais pour mieux le rejoindre encore.
👉 Concrètement sur Linkedin :
Prenez plaisir à jouer avec toutes sortes de mots qui font vivre l’univers dans lequel vous évoluez (le sport, la magie, la musique, le droit, l’ESS, etc.). Non mais vraiment quoi, jubilez !
🔵 9. Ecrivez avec vos tripes (bon, ça….)
Vous pouvez en dire beaucoup sur vous en racontant une scène à laquelle vous avez assisté dans la rue ou en exprimant votre parti pris sur un sujet de votre ligne éditoriale. Sans même avoir à raconter quoique ce soit de personnel.
C’est ce que fait Faye en long en large et en (tra)vers. Même si l’histoire du petit Gabriel n’est pas autobiographique, elle est inspirée de faits réels.
On ne crée jamais de novo mais à partir des bribes du réel que l’on capte et que l’on associe en une musique unique.
Faye confie même dans une interview3 :
“J’avais douze ans, je vivais à Bujumbura, il y avait la guerre autour de nous et j’ai eu cette envie d’écrire parce que j’avais peur.”
👉 Sur Linkedin :
Vous n’êtes pas forcément plume de métier, mais quelle que soit votre profession ou activité pro ; quelles que soient vos raisons d’écrire sur Linkedin ; prenez le temps d’explorer pourquoi vous écrivez ce que vous écrivez. Vos textes gagneront en saveur et en impact.
🔵 10. La poésie sauvera le monde
La meilleure manière de contourner les risques de trop vous épancher, d’en dire trop sur vous ou de franchir cette ligne si fine entre le dicible et l’indicible, c’est de retomber en amour avec la poésie :)
Oser la poésie c’est oser offrir son regard sur le monde et une part de sa personne, à travers de mots qui pourtant, ne racontent rien d’explicit sur soi.
Dans le même interview4 Faye nous dit :
“Ce n’était pas un journal intime, c’était déjà de la poésie, des poèmes.”
A travers cette citation, il nous incite à oser traduire l’intime sans forcément le décrire.
👉 Concrètement sur Linkedin :
La poésie n’est pas un genre que l’on classe comme un dossier. C’est une façon de vivre, d’être et de dire les choses. Notre monde se perd dans les nouvelles anxiogènes et la désespérance. La poésie est une arme de construction massive. Osez la prose, osez les rimes. Ne laissez personne vous priver de cet art salutaire qui annihile le triste et l’éphémère.
🔵 11. Ecrivez pour penser
Ecrire, ce n’est pas balancer des mots à la gueule des gens.
C’est structurer sa pensée, réparer ses silences et offrir le fruit de son cheminement aux autres.
Faye dit5 :
“J’avais vécu deux ans de guerre, des bouleversements si grands qu’aucun adulte n’avait réussi à me les expliquer. Je devais vivre avec cette douleur, je ne savais comment formuler ma pensée et l’écriture a été le lieu qui m’a permis de me comprendre et de comprendre le monde.”
👉 Sur Linkedin : ne perdez jamais de vue 2 choses essentielles.
La 1e est d’écrire pour faire du bien (à vous et aux autres), pas pour faire du bruit.
La 2e est de charger votre écriture d’une mission ; pas de décharger vos mots sur le web comme on déverserait ses ordures à la déchetterie.
Vous n’écrivez pas en public pour vous débarrasser de vos pensées mais pour les faire grandir et les transmettre.
🔵 12. Lisez, lisez, lisez !
Un livre se déguste. Il ne se consomme pas.
De la même manière qu’un texte s’écrit. il ne se produit pas.
Faye parle de ses influences (dans le bon sens du terme) et de ses inspirations littéraires à de nombreuses occasions ; ce qui ne l’empêche pas (loin de là) de développer son propre style comme en témoigne ce passage plein de sens critique qu’il confie à son interlocutrice Céline Gahungu6 :
“La vraie rencontre est celle de René Depestre, j’ai lu ses recueils, le premier était Minerai noir, et ses romans. Je retrouvais une langue, des couleurs et des sons qui me parlaient directement. Je m’intéressais, adolescent, aux auteurs proposés par l’école – Camus, Stendhal, Hugo –, mais ils ne me parlaient pas intimement. J’ai également lu les littératures africaines, les classiques africains francophones de l’ouest, Kourouma ou Hampâté Bâ : il s’agissait d’une Afrique si lointaine qu’elle ne me parlait pas. Plus largement, j’ai lu d’autres écrivains qui évoquent l’Afrique, je pense au Voyage au bout de la nuit de Céline. J’ai trouvé la langue très forte, mais toute la partie consacrée à l’Afrique m’a agacé, les descriptions, la chaleur, les moustiques… on a l’impression que l’Afrique est un marécage. J’ai lu Kapuscinski ou Terre d’ébène d’Albert Londres et, à chaque fois, l’Afrique est un environnement hostile.”
👉 Concrètement sur Linkedin :
Consacrez du temps à lire et du temps à écrire - en dehors de Linkedin !
Vous n’avez pas besoin de restituer sans arrêt les idées des autres pour avoir une bonne raison de publier un texte en public. Mais vous ne pouvez pas non plus développer des idées fortes si vous vous coupez des grands esprits qui ont nourri les temps. Et puis, lire (comme écrire) pour le plaisir aussi, ça compte (vachement) !
🔵 13. Ecrire pour briser les solitudes
L’écriture en ligne est plus une “proposition” qu’une “exposition”.
Il est difficile de générer un engouement autour de son écriture, de ses lignes ou de ses idées, si l’on plaque ses textes devant les yeux des autres sans chercher à être compris(e).
Faye appuie cette idée et nous dit7 :
“C’est, je pense, le but de la création : ne pas se retrouver avec moi-même, briser sa solitude, aller à la rencontre des autres avec la pensée claire que permet l’écriture puisque, grâce à elle, on prend le temps de réfléchir.” (…) J’écris aussi pour être un vecteur de dialogue, sinon quel serait mon rôle ?”
👉 Concrètement sur Linkedin :
Écrivez tous les 1ers jets que vous voulez. Mais essayez de ne pas publier avant de vous être assuré(e) que votre texte glisse bien d’une ligne à l’autre ; qu’un(e) inconnu(e) parviendrait à vous suivre même sans vous connaître ; que vous avez ouvert suffisamment de portes ou de fenêtres pour donner à d’autres le goût de vous rejoindre dans une conversation.
J’espère que cette édition particulièrement riche vous aura plu :)
Elle est entièrement gratuite, accessible à toutes et tous, vouée à servir le plus grand nombre.
Pour aider BILS à se déployer, le meilleur que vous puissiez faire est :
de partager cette édition par mail à des pairs et proches
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A bientôt,
(Boum, boum) 💙
Marie.
http://www.littafcar.org/wp-content/uploads/2019/07/DP_Petit_Pays_UL.pdf
https://poesie.blogs.la-croix.com/gael-faye-lit-rene-depestre/2019/06/15/
https://journals.openedition.org/coma/1145
https://journals.openedition.org/coma/1145
https://journals.openedition.org/coma/1145
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Magnifique édition Marie, merci mille fois 🙏❤️ Elle me donne envie d’explorer à nouveau la force de l’écriture, envie qui m’avait quittée depuis quelque temps… Les mots formaient comme un mikado que j’avais bien du mal à trier 😅