đ° {Article fun} - âSignatures verbales gĂ©nĂ©rationnelles ou comment les Ăąges transforment les usagesâ đ€đŒ
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CâĂ©tait un soir, en plein couvre-feu. Je scroll sur Instagram, chose que je fais de moins en moins tant ce rĂ©seau dâimages filtrĂ©es mâexaspĂšre. Et je tombe sur une vidĂ©o de Camille Lellouche que je trouve chaudement dĂ©jantĂ©e et souvent hilarante !
Dans le speed de son mini sketch sur le dĂ©pit des artistes qui ne peuvent plus monter sur scĂšne et de fait, plus gagner leur vie - elle case lâexpression : âhumoriste de la hessâ.
Je bloque sur ce mot : âla hessâ qui me dit quelque choseâŠ
Et lĂ , je retrouve un son de Sexion dâAssaut dans le creux de mes souvenirs et ces paroles :
âJ'me remĂ©more les clashs, les concours de rap, la hess
Dans la rue ça rappe en masse, ça sâappelle d'aller nahessâ
On sâentend que Sexion dâAssaut est moins rĂ©cent que Nakamura donc le mot âla hessâ est de toute Ă©vidence moins nouveau que ce que je pensais. Allo Marie. Wake up.
Mais je ne sais toujours pas ce quâil veut dire !!
Donc je cherche et découvre, je cite :
Argot
MisĂšre, galĂšre. Il s'agit d'un terme d'origine banlieusarde. [NDLR : LOL - PS : je vis en banlieue et a Versailles on dit pas trop « la Hess » đ]
Je suis contente dâavoir dĂ©couvert une nouvelle expression (il mâen faut peu pour ĂȘtre heureuse) alors je sms mes 2 sistas, de respectivement 31 et 29 ans (jâen ai 36).
La plus petite qui dans ma tĂȘte a toujours 12 ans (coucou toi â€ïž), me rĂ©plique un :
Ok boomer. Je suis pas de la G-boomers mais bon câest un peu lâeffet que ça fait quand mĂȘme. đ„
âOk Yâ sinon.
Bref, merci la petite ;) Et la voilà qui renchérit :
LĂ , on peut dire quâici tout commence. đ
Parce que finalement, dans cette liste il y a des expressions qui me font pĂ©ter une coche (ça, ce nâest pas gĂ©nĂ©rationnel, ce sont mes 2 annĂ©es de vie Ă QuĂ©bec) mais dâautres que je dis rĂ©guliĂšrement. MalgrĂ© nos 8 ans dâĂ©cart.
Et dâautres encore que je trouve hyper vintage !
Genre : âgraveâ - câest totalement old school.
âTsais genreâ, les quĂ©bĂ©cois le disaient constamment il y a 10 ans quand je vivais outre-atlantique. Rien de neuf.
Idem âmecâ, câest un terme que jâutilisais beaucoup avec mes collĂšgues quand jâĂ©tais en prison. Euh, salariĂ©e pardon. Par exemple : âmec, tâes sĂ©rieux ?â.
Bon en revanche : âmdrâ, non. Juste non. âEn modeâ, jâĂ©vite. Mais le pireâŠ
LE PIREâŠ
Câest âde oufâ.
Alors ça non.
Non.
Non.
NON.
La conversation sâĂ©toffe alors et chacune rĂ©plique tout en explorant sa propre signature verbale.
Je réponds en listant quelques mots que je dis souvent :
Sâen suivent des Ă©changes trĂšs marrants qui nous montrent que nous avons chacune un univers verbal trĂšs diffĂ©rent.
Jâai certes respectivement 5 et 8 ans dâĂ©cart avec mes 2 soeurs mais le facteur Ăąge intervient beaucoup moins que ce que jâaurais pu imaginer.
Ces 2 messages achĂšveront de me convaincre :
(Mais oĂč va-t-on, si mĂȘme des anciens de 33 ans disent âde oufâđ đ )
Et le sommet. Le graal. Le coup de grĂące.
đđđ
Oui oui vous avez bien lu.
Ben lĂ ! âKenâ, Ă part ĂȘtre le toy boy de Barbie, est un verbe que jâentendais dĂ©jĂ quand jâavais 15 ans !
Comme quoi, les modesâŠ
Comme quoi, lâĂągeâŠ
Comme quoi, les gĂ©nĂ©rationsâŠ
Ne comptent pas tant que ça.
Ce qui est gĂ©nial câest de voir que chacun se constitue un univers sĂ©mantique riche de sa personnalitĂ©, de ses voyages, de ses influences, de ses rencontres, de ses Ă©motions, de sa nature, de ses prĂ©fĂ©rences, de ses aspirations.
Câest cette diversitĂ© qui est intĂ©ressante et montre Ă quel point les mots dĂ©passent les modes et permettent dâincarner son identitĂ©.
Alors Ă©videmment, si vous pouviez Ă©viter dâintĂ©grer âde oufâ, âmeufâ et âkenâ dans la charte Ă©dito de votre marque (personnelle ou publique), ce serait sans doute mieux.
Quoique, si ces choix servent votre message, votre intention, votre positionnement et parlent Ă votre cible - pourquoi pas. Primum non nocere.
Pour le funâŠ(ou lâangoisse)
VoilĂ , voilĂ .