Édition de Septembre de Diegesis 💙
Rappel du concept : “Courtes histoires de 3000 caractères maximum pour vous divertir en quelques minutes, stimuler votre imagination et vous donner envie de perfectionner votre art de la narration littéraire ou marketing.”
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— Ouch, mais putain ce sol, merde !
Julia venait de se réveiller après un sommeil découpé en 1000 morceaux. Le trottoir en béton avait été sans pitié pour ses courbes généreuses qui auraient aimé rencontrer un support plus clément. Mais les nuits dans la rue n'étaient pas faites pour vous cajoler.
Elle sortit la tête et les bras de son vieux sac de couchage.
Le soleil se levait tout juste et les premiers travailleurs entamaient leur course quotidienne. Elle les regardait avancer, le pas pressé, les yeux cloués au sol ou sur l'écran de leur smartphone. Logée au fond d'une impasse, elle était suffisamment bien cachée pour les examiner sans qu'ils ne la voient. Cette danse matinale l'amusait presque. Elle se demandait si ces personnes aimaient jouer à être pressées ou si leur vie était une réelle urgence de chaque instant.
Leur rythme lui était étranger. Elle qui ne courait jamais. Toujours campée au même endroit. Princesse d'un quotidien qui se répétait en boucle.
Sa vie lui donnait la sensation d'une nage en mer sans voir la côte. Elle avait l'impression de faire du sur place. Et puis parfois, en jetant un oeil vers le rivage de sa vie, elle appréciait le maigre chemin parcouru. Bien que trop court pour l'enthousiasmer.
Un être quadrupède au pelage roux l'interrompit dans ses rêveries mélancoliques.
C'était un chat errant qui semblait ne pas avoir été nourri depuis longtemps, à en juger par ses côtes saillantes et ses miaulements peu sonores.
— Ben alors mon gros, t'as la dalle ? lança Julia à l'animal.
Il s'approcha d'elle et se frotta contre son sac de couchage, puis posa une patte sur son bras en la regardant si fixement que la quadragénaire semblait lire de la supplication dans son regard.
Elle farfouilla au fond de son sac de couchage et en sortit son petit-déjeuner.
Elle regarda le quignon de pain avec hésitation puis le tendit à son visiteur affamé qui l'attrapa en un coup de crocs et fila.
Julia était satisfaite de son initiative. Elle aimait se sentir bienfaisante. C'était la seule chose qui lui donnait le sentiment d'avancer.
Elle jeta un oeil à son réveil analogique qui venait de sonner 3 coups.
C'était l'heure de partir avant que la masse de travailleurs ne l'empêche de filer.
Julia roula ses affaires en un mini baluchon ultra compact. Ses gestes étaient sûrs et révélaient un entraînement certain. Elle se coiffa, rinça son visage et se maquilla rapidement, assez pour faire illusion, le temps de rentrer.
Après 800 mètres de déambulation dans les rues de Villepreux, elle poussa une lourde grille qui délimitait l'accès à une immense propriété. Elle salua amicalement les deux jardiniers du domaine de Grand Maisons. Une silhouette l'observait depuis son arrivée. Elle l'approcha enfin, le sourire au coin des lèvres et l'air faussement gêné.
— Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher Julia, lui dit-il.
— Je m'ennuie trop dans cette vie de château, tu le sais, répliqua-t-elle. Si je ne passais pas ces nuits dans la rue, je crois que j'en crèverais.
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Marie 💙