La vache. Ici sur la Côte Fleurie, c’est la tempête. Il paraît qu’elle s’appelle Darragh. J’ai du sable plein les yeux et le jean trempé parce que le vent souffle par rafales horizontales de 100km/h.
Evidemment je n’étais pas obligée d’aller marcher sur la plage dans ces conditions pré-apocalyptiques, mais il faut croire que j’aime quand les éléments se déchaînent. Moi ça me désenchaîne.
À chaque fois que le ciel gronde, que la pluie claque ou que le vent décape, j’ai la sensation de toucher du doigt ce qui vit en nous vraiment. Au-delà des clivages, des guerres, des violences, des fake news, et des écrans.
Mais ce soir c’est plus que ça encore. Ce soir, j’ai le coeur en fanfare.
Ça c’est parce qu’après m’être fait secouer par Darragh, je suis allée me réfugier dans mon cinéma préféré pour assister à la dernière réalisation d’Emmanuel Courcol mettant à l’honneur les acteurs Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin.
Je vous parle du film '“En Fanfare”.
Promis je ne spoilerai rien. Et promis je ne me suis pas reconvertie en critique de films. Quoique, dans la vie il faut savoir se réinventer sans cesse, mais là n’est pas le sujet. J’ai de toutes manières, une culture cinématographique beaucoup trop carencée.
Moi ce qui m’intéresse, ce sont les gens - et - les histoires. Celles qu’ils vivent, celles qu’ils racontent, celles qu’ils se racontent. Dans le pro comme dans le perso. Même joie, même combat.
Et là, tout de suite, je veux vous parler de ce film et du récit magistral qu’il met en scène.
Je veux vous parler du bien que l’on peut faire bien au-delà de soi, avec des histoires poétiques, vibrantes et drôles.
Je veux vous inviter à oublier le mot “storytelling” parfois si agaçant et à revenir à l’essence même de ce qui lie les Hommes et les générations : la “narration”.
“En Fanfare”, c’est l’histoire d’un chef d’orchestre brillant et réputé, plutôt élégant et bien né, qui s’appelle Thibault. Enfin, “bien né”…En réalité, plutôt “bien adopté”. Parce qu’après s’être effondré en pleine répétition, Thibault apprend qu’il a une leucémie et que seul un don de moelle osseuse d’un parent compatible peut le sauver. Thibault sollicite alors sa soeur Rose qui, suite aux tests, s’avère en réalité ne pas être sa soeur biologique.
Ah merde.
Thibault découvre qu’il est adopté et que ses parents lui ont caché la vérité depuis toujours - mais Thibault apprend surtout qu’il a un frère : Jimmy.
Jimmy, lui, est moins bien né. Enfin “moins bien adopté”. Quoique. Le film tout entier vous offrira la chance et l’occasion de réfléchir à ce qui compte dans la vie : est-ce le milieu dans lequel on naît ? à quel point on est aimé ? les gens que l’on rencontre et qui nous élèvent ? ou un peu de tout cela à la fois ?
En tous cas, une chose est certaine : Jimmy est compatible avec Thibault et accepte assez rapidement l’intervention susceptible de le sauver.
Ouf.
L’histoire ne tourne pas autour de cela mais autour de la relation qui se tissera tout le film durant entre les deux hommes, si proches par le sang, si différent par la vie, ses moules et ses conditionnements.
Entre rancoeurs, sentiments d’injustice et tourments affectifs, “En Fanfare” est un film qui fait rire, beaucoup rire ; mais aussi pleurer, beaucoup pleurer ; chanter et danser.
“En Fanfare” est un film essentiel en cette période obscure, instable et angoissante.
“En Fanfare” nous redit la force des liens humains qui soufflent la vie même dans la maladie, qui réparent les blessures les plus vives, qui réconcilient des mondes que la société tend à éloigner ou à opposer.
“En Fanfare” nous rappelle d’oser (nous) aimer.
'“En Fanfare” nous pousse à dépasser les cases dans lesquelles on rentre un peu tous, au fil de la vie. Notre éducation, notre religion ou non religion, notre milieu social, notre bord politique ou apolitique, notre statut professionnel ou nos moyens financiers.
À quelques semaines de Noël, “En Fanfare” oriente notre regard vers l’Essentiel : l’humilité, la simplicité et la paix du coeur.
Allez le voir. Tant si vous ne croyez plus aux belles histoires que si au contraire, vous savez comme les récits nous relient et peuvent changer le cours d’une vie.
“En Fanfare, le film qui fait battre le coeur du Festival de Cannes” nous dit La Voix du Nord.
“Une merveille d’écriture, deux acteurs prodigieux” ajoute Paris-Match.
Si j’avais su que je citerais Paris-Match comme source un jour :)
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Bon, vous y allez ? Mais attention, vous risquez d’en ressortir le coeur et les yeux gonflés à bloc. Je vous aurais prévenu(e)s.
Au moins vous, vous n’aurez ni sable dans les yeux, ni jean trempé.
À nos désirs de liens,
Aux histoires qui nous relèvent,
Et à l’Amour qui nous soulève.
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Marie 💙
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