Storytelling
Ce matin à Trouville, en pleine séance de longe-côte, je discute avec une femme des films du moment et elle me dit :
“Le Comte de Monte Cristo c’est vraiment le meilleur de la culture française et du storytelling à l’américaine réunis.
On ne voit pas les 3h passer.”
“Le storytelling à l’américaine” pour elle, c’est juste : “bien raconter des histoires”. Ce que les français font souvent assez mal dans les médias.
Et ça moi, j’en ai marre.
De voir des talents gâchés par une incapacité à les valoriser.
C’est un peu comme les athlètes de haut niveau français qui jusqu’à peu étaient hyper bien préparés physiquement mais très mal préparés mentalement.
Combien de défaites avons-nous dû encaisser face à des champion(ne)s au mindset hors-norme, avant d’envisager la prépa mentale comme autre chose qu’un vernis abscon ?
Pour le storytelling, c’est exactement pareil.
Combien de tranches de vie, de visions, de belles idées passent sous silence ou sont invisibilisées - faute d’avoir les armes pour “bien les raconter” ?
Alors je vous préviens.
Je m’apprête à vous raconter une histoire vraie qui a tout juste 48h.
Mais je ne vais pas juste vous énumérer des faits. Je vais les orchestrer autour d’un des 8 arcs narratifs mis en relief par l’un des auteurs les plus lus aux Etats-Unis : Kurt Vonnegut.
Il s’agit précisément de l'’arc narratif baptisé “Which way is up” par l’auteur : idéal pour les histoires qui commencent mal, qui oscillent puis qui passent la ligne de flottaison :)
Et à la fin, je vous ferai une proposition.
🔴 Situation initiale : négative [Zone rouge]
Jeudi 31 octobre après-midi, je suis fatiguée. 2-3 emmerdes s’accumulent et puis l’endométriose, ma comparse tant indésirable me tape sur le système.
Je choisis de sortir faire un tour. En 20 min je peux être sur la plage des 6 fusillés, face à la Manche. Et je sais que c’est bien plus qu’une simple consolation, c’est résolument un luxe.
↘︎ 1e chute.
Azimutée, j’enclenche le contact de ma Nissan Micra grise qui m’accompagne partout depuis 20 ans et puis rien. La batterie est claquée. Ça tombe mal, moi aussi. Je suis dépitée.
↗︎ 1e remontada.
Je suis à des centaines de km de chez moi dans un gîte, je ne connais personne autour et les propriétaires sont en vacances à l’autre bout de la France. Je prends mon courage à deux mains et je pars explorer le voisinage en quête de pinces croco.
↘︎ 2e chute.
Je frappe à une 1e porte : 3 personnes se précipitent vers moi comme si elles m’attendaient. Ils ont en réalité “un rendez-vous important” qui doit arriver d’une minute à l’autre et ils pensaient que c’était moi. Dommage. Ils n’ont par ailleurs pas de pinces croco.
↗︎ 2e remontada.
Je frappe à une 2e porte et tombe sur un jeune garçon paré pour Halloween qui pointe son sabre laser vers mon visage. Son père arrive à la rescousse. Je lui explique la situation et il me dit avoir des pinces et être dispo pour m’aider à redémarrer.
↘︎ 3e chute.
La scène est ubuesque. Monsieur est charmant mais n’a en réalité jamais ouvert son capot et ne sait pas comment s’y prendre. Puis nous trouvons la borne + mais nous cherchons la masse. Il appelle son garagiste qui lui indique où elle se cache. Nous relions les 2 voitures par les câbles mais ma voiture reste à l’arrêt.
↗︎ 3e remontada.
Un autre voisin débarque avec sa BMW. Ouf.
↘︎ 4e série de chutes.
Nous réitérons l’opération : recherche de la masse sous le capot du bolide - fixation des pinces - démarrage de la BM puis de ma Micra. C’est le néant. La BM crache tout ce qu’elle peut mais ma voiture ne veut rien savoir.
Les voisins capitulent. Il fait nuit noire. La chouette hulotte de la propriété se met à hululer façon Blairwitch. J’ai envie de donner des coups de pied dans toutes les citrouilles hébétées qui décorent la propriété. Je hais Halloween et envisage de me coucher. Mais je réalise que j’ai perdu mon cordon d’iPhone dans la bataille et que je n’ai plus de batterie de téléphone non plus.
Je prends une lampe torche et pars à sa recherche une petite demie-heure puis je capitule.
🌟 Nuit n°1.
↗︎ 4e remontada.
Le lendemain, j’intercepte le fils de voisins anglais à qui je demande “if his parents could lend me an Apple phone charger by any chance ?”. Il me dit “yes”. 10 min plus tard, mon iPhone 8 revient à la vie. Je peux enfin appeler mon assurance.
↘︎ 5e série de chutes.
L’assurance met 24 min à me localiser. Je suis dans un bled et “le logiciel ne le reconnaît pas”.
Le type : “Vous voyez quoi autour de vous Madame, une mairie ?”
Moi : “Non, un bouc et 8 chèvres”
Le type : '“Ah”.
Une fois l’obstacle surmonté, le type me met en relation avec un garage soit-disant agréé qui doit intervenir sous 45min.
C’est un jour férié, je ne suis pas pressée et ne vois pas le temps passer mais 4h plus tard, pas une dépanneuse à l’horizon. Je rappelle.
Je tombe sur une nana qui me dit que son collègue s’est trompé de garage. Elle rectifie le tir et me promet une intervention dans les 15 minutes.
↗︎ 5e remontada.
Le vrai bon dépanneur est là quasi immédiatement. Le mec sent bon (à 3km), li est souriant. En quelques minutes il remarque que ma batterie est mal fixée et que cela crée un faux contact qui la décharge sournoisement. Il resserre 2 écrous en 32 secondes chrono et ma voiture démmarre.
Puis il me dit : “en revanche, nous ne sommes pas un garage partenaire de votre assurance, ils se sont planté. L’intervention avec la dépanneuse un jour férié coûte 330€, mais… nous ne pouvons pas vous faire payer pour ça, alors ce sera zero”.
Je suis agréablement choquée. Les mecs repartent comme ils sont venus et moi je me jette dans ma voiture pour faire un tour.
↘︎ 6e chute.
Je me balade, je fais 2-3 courses et me gratifie d’un auto “pep talk” comme on oublie la chance que l’on a de vivre dans le confort ; comme on se laisse vite déstabiliser par des problèmes qui n’en sont pas ; comme il existe des solutions à tout. Et puis je repars.
Enfin j’essaie, ma voiture ne démarre pas.
À ce stade je ne sais plus si je n’ai plus l’énergie de m’énerver, plus l’envie ou si je suis tout simplement un peu mieux rodée. Je rappelle le dépanneur depuis un parking un peu glauque sur lequel je suis garée, à la tombée de la nuit. Il me promet d’arriver dans la demie-heure.
↗︎ 6e remontada.
Mon bienfaiteur (Théo, je crois) et moi trouvons la vraie racine du problème en quelques minutes. J’ai eu le malheur de partir nager dans l’eau de mer avec ma clé de voiture dans ma combi et le circuit interne s’est oxydé. Ma voiture ne “reconnait” donc plus ma clé ou du moins, de manière un peu aléatoire.
Théo ouvre ma clé en deux, me fait visiter les méandres de son circuit imprimé, me montre les zones qui ont travaillé, la nettoie, y ajoute un film léger pour améliorer le contact et me suggère avec empressement d’en refaire un double avant de me retrouver bloquée pour l’éternité dans un nouveau parking craignos du Pays d’Auge.
Mais le meilleur reste à venir.
Il s’apprête à repartir quand je lui demande ce que je lui dois et pour la 2e fois, il me répond : “rien.”
Il ajoute : “moi j’aime recevoir de l’aide quand j’en ai besoin, après il faut savoir rendre l’aide que l’on reçoit et c’est ce que je fais”.
🟠 Franchissement de la ligne zero de notre histoire. Le positif commence à s’accumuler. [Zone orange]
Je pense alors au court-métrage de 2min19 “Je suis, donc tu es” de Maylis de Poncins, qui a fait le tour du web français en 2020. Rappelez-vous :
La balle noire, ce sont les emmerdes.
La balle blanche, c’est ce qui nous arrive de beau.
Il est assez facile d’envisager que les emmerdes sont contagieuses, mais nous oublions trop souvent que la lumière aussi.
Je rentre chez moi dans un état complètement différent de la veille.
Ma voiture roule, mon iPhone est chargé mais ce n’est pas tellement ça qui a changé. Ce sont ces moments d’humanité qui se sont succédés, malgré (ou grâce à) mon besoin d’aide.
Je souris, je lis, j’écris, je chill et file au lit.
🌟 Nuit n°2.
↗︎ 7e remontada.
Après une matinée à Trouville dans les vagues glacées de la Manche, je rentre tranquillement en voiture vers mon antre, quand j’aperçois 2 jeunes mecs et une voiture en rade, sur la bande d’arrêt d’urgence.
Ils lèvent les bras vers le ciel autant qu’ils peuvent. Je m’arrête. Ils n’en reviennent pas.
J’ai souvent l’habitude de m’arrêter dans ce genre de cas mais j’ai l’épisode et les conversations de la veille encore dans la peau. Je ne réfléchis même pas.
Les deux lurons (pas très joyeux) sont tombés en panne d’essence à 4km de la station la plus proche. Je les embarque chercher un bidon et je les ramène. La scène dure 15 minutes à peine mais l’un deux me dit :
“Je ne sais pas quoi faire pour vous remercier, on a tellement de chance d’être tombés sur vous”.
A ce moment là je lui souris et lui dis “rien, ça me fait plaisir d’avoir pu vous aider”. Mais après coup je regrette.
J’aurais dû ajouter :
“Ce week-end si vous pouvez, rendez-service à quelqu’un à votre tour”.
🟢 Situation finale : positive [Zone verte]
Gagner
Je conclue cette édition avec une phrase bouleversante du danseur Chris Marques dans l’émission “Un dimanche la Campagne” de Fréderic Lopez.
Lopez lui demande ce que la vie lui a appris.
Marques répond :
“Je ne veux pas que mon fils grandisse dans un monde où il est facile de croire que les gentils ne gagnent jamais. Les gentils n’ont pas besoin de gagner.”
Lopez s’étonne :
“Pourquoi ?”
Marques sourit :
“Parce qu’ils ont déjà gagné ! Tout ce qui compte à partir de là, ce n’est pas de se battre contre les autres, c’est d’avancer”
À vous de jouer
J’espère que cette histoire banale et édifiante à la fois vous aura inspirés.
Pensez-y en particulier quand vous écrivez.
Le bruit et la saturation des réseaux sociaux sont autant de tentations d’abandonner la qualité.
De penser qu’après tout, écrire bien ne sert à rien, puisque personne ne nous lit ;
De se dire que tel ou telle entrepreneur(e) semble avoir décroché le jackpot en jouant petit, alors pourquoi se fatiguer à voir grand ;
De se convaincre que plus personne n’a le temps d’apprécier la qualité et de se satisfaire de la médiocrité.
Et bien je vous le dis moi, écrire avec Force et Style comme raconter de belles histoires permet de diffuser la petite balle blanche plutôt que la petite balle noire.
Et ça sert à quoi ça ? Précisément à tout gagner.
Proposition : 7 jours de Storytelling avec BILS
📆 Quand : du 25 novembre au 1er décembre.
🔥 Pitch : je vous propose une expérience courte et intense pour travailler votre capacité à raconter de bonnes histoires qui engagent sur Linkedin.
👉 Contenu du parcours :
un audio de formation de 34 min sur les 8 arcs narratifs de Kurt Vonnegut
une fiche de synthèse avec les 8 schémas des 8 arcs, des exemples et des conseils d’application sur Linkedin (Notion + pdf)
le défi d’écrire 3 posts Linkedin de storytelling en 1 semaine
1 relecture commentée par moi du post de votre choix (sous un délai de 1 à 7 jours selon le nombre de participant(e)s)
1 groupe Telegram pour partager les liens vers vos posts et rencontrer d’autres personnes “BILS minded” + sous groupes de 2-3 personnes pour relire vos posts non coachés entre vous.
💳 Prix mini : 95€ H.T.
Bonus Fun
Je me suis amusée sur Linkedin avec un autre arc narratif de Vonnegut : “Boy Meets Girl”, pour raconter une partie de ma backstory en 3000 caractères.
Vous pourrez l’essayer si vous participez aux 7 jours de storytelling avec BILS.
→ Lire la suite de l’histoire.
À bientôt,
Marie 💙
Ta réflexion, après avoir aidé les jeunes en panne d'essence, d'avoir oublié de leur demander d'aider quelqu'un à leur tour, me fait penser au livre "Un monde meilleur". Une chaîne humaine bienveillante a effectivement la possibilité de changer le monde, même si on l'oublie trop souvent !