💓 Comment raconter des histoires puissantes sans sacrifier son intimité.
L'art du storytelling juste.
Citation de la semaine : “Winning people over is less about winning arguments and more about winning hearts.” – Greg Mc Keown
Ce mois-ci chez BILS
💎 Réserver un Coaching d’écriture Elite (90 jours)
🎙️ Vous avez 8 min, vous aimez l’anglais et l’audio :
Podcast en anglais où un mec et une nana commentent et résument cette missive (ne passez pas à côté, c’est une production de Notebook LM et c’est sidérant de qualité)
✍️ Vous avez 14 min, vous aimez le français et l’écrit :
En avant la Missive !
Pour les entrepreneur(e)s et leaders, le plus gros enjeu de l’écriture sur Internet est le dosage émotionnel.
Les bulles algorithmiques dans lesquelles nous évoluons biaisent notre perception de l’Autre et nous encouragent à surjouer notre vie pour la rendre plus désirable.
Le problème, ce n’est pas de mettre de l’émotion dans ses textes.
Le problème, c’est d’en mettre trop ou trop peu et au final, de ne plus se retrouver dans ce que l’on écrit.
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Cet été, je suis partie marcher sur le Chemin de Compostelle avec beaucoup de motivation dans le coeur, beaucoup de détermination dans la tête et beaucoup de challenges dans le corps.
Malgré un passé très sportif, je me balade aujourd’hui avec de l’endométriose dans le ventre - et contrairement aux acclamations insupportables du tout venant : “oh mais ça se guérit de plus en plus ça !” - et bien d’une, non ça ne se guérit pas, et de deux, c’est un parcours du combattant.
La crise de douleur plane constamment au-dessus de ma tête comme une épée de Damoclès.
J’ai donc fait appel à un préparateur mental pour m’aider à partir dans les meilleures dispositions psychiques possibles et pour anticiper la gestion de crises de douleurs probables voire certaines (marcher 25km avec 12kg sur le dos plusieurs jours de suite, c’est un défi innommable pour une femme qui a des lésions inflammatoires partout dans le pelvis).
Lors de notre toute dernière séance, à 48h de mon départ, mon prépa mental (hello Thierry !) m’a dit :
“Chaque soir, écris ce que la journée que tu viens de vivre t’as apporté et appris. Même si c’était une journée de merde.”
Je l’ai pris au mot et j’ai fait plus que ça encore.
J’ai décidé de partager ces apprentissages publiquement sur Linkedin.
Au départ je me suis dit que cette liberté éditoriale allait tuer mon tunnel d’acquisition de clients. Que les gens allaient se demander d’où je sortais et qui j’étais. Que j’allais perdre en crédibilité professionnelle, même.
Mais mes tripes ont été plus fortes que mon cerveau et heureusement.
J’ai posté tous les jours pendant 14 jours et les résultats ont surpassé des attentes que je n’avais même pas, en termes d’enthousiasme, d’engagement et même, d’envies naissantes de partir marcher sur le Chemin pour certaines personnes.
Dans cette édition, je décrypte quelles règles je me suis fixé pour rester juste dans mes 14 récits et je vous livre mes 10 meilleurs conseils pour vous aider à raconter à votre tour de bonnes et belles histoires qui serviront vos objectifs personnels autant que professionnels.
PS : dois-je préciser que je ne crois pas à la division du pro/perso sur les réseaux sociaux et que ce clivage radical n’est pas nécessaire quand on sait manier l’arme du storytelling avec Force et Style ?
🔵 Conseil #1 - Maniez le temps comme un chewing-gum
Constat :
Beaucoup de personnes ont du mal à raconter des histoires parce qu’elles veulent TOUT raconter.
Analyse :
Le jour où j’ai compris que le storytelling c’est d’abord jouer avec la temporalité, j’ai passé un cap net dans la qualité de mes récits.
Mettez-vous dans la peau d’un(e) photographe qui se balade en jeep dans le Kruger Park (Afrique du Sud).
Parfois vous prenez un grand-angle, parfois vous faites un zoom sur un point précis d’une scène. Parfois vous restez longtemps au même endroit, parfois vous accélérez pour foncer vers un spot où la lumière est dingue.
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle :
Si je vous avais tout raconté, du début à la fin dans les moindres détails, je vous aurais perdus. Ce que j’ai fait c’est de mettre la lumière sur une scène de ma journée - voire sur le moment phare d’une scène de ma journée - pour vous attraper et vous garder avec moi. Quitte à virer des détails.
Exemple : dans ce post du 6e jour, j’écris “C’est fou comme l’humain juge l’autre sur de simples apparences.” Et je cite 2 personnes que j’ai croisées et dont l’apparence n’a rien à voir avec la réalité. Comme moi, en réalité (personne ne “voit” que j’ai de l’endométriose).
Je n’ai pas rencontré ces personnes simultanément ou l’une à la suite de l’autre. Je ne pense même pas les avoir croisées dans une même journée. Mais peu importe, mon histoire les rassemble et je suis maîtresse de sa temporalité.
🔵 Conseil #2 - Choisissez un message unique avant d’écrire
Constat : c’est un conseil valable pour n’importe-quel-texte-du-monde :)
Je lis tous les jours des textes qui partent d’un point A puis qui partent vers A’ puis A” puis qui font un bond en avant jusqu’à Y et qui concluent avec B !
Comment les gens pressés, fatigués, sur-connectés peuvent-ils accrocher ?
Analyse : Si vous voulez marquer les gens, vous devez être précis dans ce que vous leur racontez. A → B.
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : définir un seul et unique message par post. Et dérouler mon post de A → B, sans détours, pour être claire et impactante.
Exemple : dans ce post du 10e jour, je raconte un combat entre mon ego et mon corps.
A : Mon ego veut l’or, mon corps n’est pas d’accord : que faire ? → Qu’est ce que l’or ? → Ma réalité physique est incompatible avec l’or aujourd’hui → Dilemme terrible : m’acharner ou m’arrêter → je choisis d’arrêter → B : l’or ce n’est pas l’acharnement, c’est s’arrêter au bon moment.
🔵 Conseil #3 - Ecrivez votre histoire dans le bon état émotionnel
Constat : trop de personnes planifient des sessions de “batch writing” comme si un texte était un produit et l’écriture une usine.
Analyse : si vous voulez écrire des histoires qui touchent vraiment les gens et qui ne puent pas le plastique des templates, observez les moments où vous êtes dans le meilleur mood pour les écrire (ce n’est pas du tout le même pour tout le monde).
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : je suis du genre à aimer écrire à chaud (quand je peux). Et je le sais, parce que je me connais. Donc j’écrivais mes textes dans la journée, pendant des pauses. Pas quand j’avais fini ma journée. Je sais que mon flow est meilleur quand je suis dans le moment qu’à distance. Mais c’est très personnel : certaines personnes seront meilleures à froid et c’est parfait comme ça.
🔵 Conseil #4 - Prenez des notes tout le temps
Constat : les personnes que je coache et celles avec qui j’échange en ligne me disent souvent qu’elles se postent devant leur écran et bam, elles s’attendent à sortir un texte de génie :)
Analyse : l’écriture est un processus qui part de l’idée → au brouillon → au texte final (c’est LE sujet de la BILS Académie). Dans ce processus, la prise de note n’est pas une option, c’est LE truc de n’importe quelle personne qui sait raconter des histoires fortes (à partir de bribes du quotidien).
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : je n’avais pas franchement le temps ou l’énergie de prendre des notes en marchant donc j’enregistrais des vocaux et je lançais des transcriptions automatiques, puis je piochais dedans au moment d’écrire :)
🔵 Conseil #5 - Suivez une trame répétable
Constat : la répétabilité est un levier de mémorabilité. Relisez bien cette phrase, on dirait du BS mais ça n’en n’est pas, je vous jure :)
Analyse : j’encourage souvent les personnes que je coache à créer des concepts éditoriaux. C’est à dire des formats de texte ou de texte + visuel ou de texte + video qui sont reconnaissables et qui reviennent régulièrement, pour créer un rendez-vous marquant avec leur audience.
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : au début j’ai commencé à poster un peu l’arrache et puis dès le 2e ou le 3e jour j’ai mis en place un schéma de post reconnaissable.
Exemple : Visuel canon :) + post sous la forme :
Accroche [Xe jour sur Compostelle + Phrase courte et impactante]
Corps de post [Storytelling par blocs d’idées séparées par “***”]
Conclusion [Mon expression signature “Boum Boum” + mot ou expression clé du jour]
🔵 Conseil #6 - Découvrez la puissance du “rythme de révélation”
Constat : le gros problème de beaucoup de posts Linkedin, newsletters ou histoires en général, c’est d’avoir zero variation de rythme.
Analyse : le “rythme de révélation” c’est un concept identifié par Nicolas Cole qui consiste à doser la rapidité à laquelle vous livrez des infos à l’écrit. L’idéal pour écrire une bonne histoire étant de varier.
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : comme dans tous mes posts Linkedin, j’alterne entre des phrases courtes, des phrases moyennes et des phrases plus longues - pour doser la rapidité à laquelle je révèle les infos.
Exemple : dans ce post du 1er jour, j’emmène mon audience avec moi dans un arbitrage compliqué : m’arrêter ou aller plus loin ? Le rythme auquel je raconte mon histoire reflète mon rythme de marche et incarne l’enthousiasme que j’ai ressenti ce jour-là, à chaque fois que je choisissais de marcher “encore un peu plus”.
🔵 Conseil #7 - Allez du personnel vers l’universel
Constat : trop d’histoires tombent à l’eau à cause de ce phénomène.
Leurs auteur(e)s veulent soit parler de grands principes, de grands déclics ou de grands sentiments (sans partir d’une scène précise) ; soit ne parler que d’une scène précise sans jamais extrapoler vers quelque chose d’universel.
Analyse : ce qui permet de relier une tranche de vie personnelle à un effet plus universel, c’est la capacité d’extrapoler. Demandez-vous en quoi ce que vous avez vécu génère un apprentissage utile pour une audience beaucoup plus large. Mais alors attention, je ne vous parle pas de tomber dans ce genre d’abîme du storytelling :”j’ai demandé mon mec en mariage, voici ce que ça m’a appris sur les pitchs de vente”.
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : partir chaque jour d’une ou plusieurs scènes personnelles pour extraire un message utile à mon audience.
🔵 Conseil #8 - Fuyez l’écriture descendante
Constat :
Tous les jours sur Substack je lis des pavés de personnes qui soulagent leur trop-plein émotionnel en public. Ce n’est pas ça écrire. C’est tout sauf oublier l’autre. C’est au contraire aller le chercher du bout de la plume en permanence.
Analyse :
Raconter une histoire n’est pas un acte descendant, c’est un acte horizontal.
Tous les conseils que je vous donne dans cette missive sont liés :
plus vous irez du personnel vers l’universel, plus votre message sera palpable et clair
plus le message de votre histoire sera palpable et clair, plus votre histoire sera bénéfique pour votre audience (pas que pour vous)
plus votre histoire sera bénéfique pour votre audience, plus vous serez dans une démarche relationnelle donc d’engagement
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Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle :
Je n’ai pas partagé tout ce qui me passait par la tête, tout ce que je ressentais, tout ce que je vivais. J’ai fait une sélection drastique : 1 jour = 1 message public.
Et le message que je choisissais était un message susceptible de toucher les personnes qui me lisaient.
Exemples : “le danger de la comparaison aux autres” ; “mettre l’amour de soi avant l’amour de la performance” ; “résister aux injonctions pour tracer SA route”.
🔵 Conseil #9 - Intimité ≠ Sincérité
Constat : ah la la, quel sujet. Il n’y aura jamais de réponse unique à la question “à quel moment une personne franchit la limite de l’intime en public ?”, parce que chacun a une perception très personnelle de ce qui est “intime”.
Mais je peux vous proposer une piste quand même.
Analyse : vous n’avez pas besoin de TOUT dire pour être quelqu’un d’authentique. En revanche, essayez de faire en sorte que ce que vous dites est vrai. Vous saisissez la nuance (immense) ?
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : j’ai vécu des moments de difficulté physique innommable. Ce que j’ai exprimé publiquement était 1/100e de la réalité. Même si c’était déjà suffisamment intense et personnel pour la plupart. J’ai donc choisi de manière très consciente d’exprimer avec beaucoup de sincérité ce que je vivais - sans cacher mes difficultés - sans faire semblant de vivre un truc parfait - mais sans non plus déverser mes tripes sur la place publique.
En gros, tout ce que j’ai dit était la vérité, mais je n’ai pas dit toute la vérité.
Exemple : ce jour-là, je rampais tellement j’avais mal.
🔵 Conseil #10 - Comment vous sentez-vous ? (honnêtement)
Constat : il n’y a pas 36 manières de savoir si ce que vous avez écrit est fidèle à qui vous êtes et à ce que vous pensez.
Analyse : posez-vous 5 min et observez comment vous vous sentez en écrivant - voire juste après avoir publié. Est-ce que vous êtes fier(e) ? Mal à l’aise ? Gêné(e) ? Est ce que vous avez honte ? Est ce que vous assumez ?
Ce que j’ai essayé de faire sur le Chemin de Compostelle : ce qui était le plus dur pour moi était de recevoir des DM de mâles bienpensants qui me disaient que je devais arrêter de poster sur les réseaux sociaux pour faire un “bon Chemin”. Sérieusement, j'ai eu envie de sortir la kalash numérique. Allô, bonjour, on se connait ? Je vous ai sollicité pour un avis ? Non. Salut.
Mais hormis quelques relous, j’ai été submergée de témoignages publics et privés qui m’ont portée.
Ce serait mentir de dire que je n’attendais plus rien à chaque post ou que les commentaires et les réactions ne m’importaient pas.
C’est le propre des histoires, rappelez-vous : créer des liens.
Personne ne veut balancer son histoire en ligne puis l’oublier. Les personnes qui vous disent qu’elles s’en foutent se/vous mentent.
En revanche, j’ai été très vigilante.
Je ne voulais pas que l’émotion me fasse écrire des trucs un peu déformés.
Je ne voulais pas écrire des trucs pour faire plaisir et perdre mon cap.
Je ne voulais pas que les feedbacks influencent ce que je choisissais de raconter.
Et je crois que je ne m’en suis pas trop mal sortie, à en juger par ce que j’ai ressenti.
💎 Linkedin BILS Best Of
Post 1 → Lire le post entier
Pilier “Personnalité” - Angle : storytelling - Touche en plus/tonalité : fière/assertive/directe - CTA : coaching individuel 90 jours.
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Post 2 → Lire le post entier
Pilier “Visibilité” - Angle : inspiration - Touche en plus/tonalité : émotionnelle/poétique/déterminée - CTA : aucun.
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Post 3 → Lire le post entier
Pilier “Autorité” - Angles : storytelling x pédagogie - Touche en plus/tonalité : humoristique/tranchée/bienveillante - CTA : pré-inscriptions à la BILS Académie (21 jours)
Je compte sur vous pour Restack cette édition - la partager à une personne qui compte pour vous -ou la republier sur Linkedin.
Et n’oubliez pas de me laisser votre vibe en commentaire :)
A bientôt,
Marie
"En gros, tout ce que j’ai dit était la vérité, mais je n’ai pas dit toute la vérité." Je trouve ça incroyable à quel point cette phrase peut paraître simple et logique avec du recul, mais sur le coup, ça frappe et ça prend réellement. Comme toute cette newsletter finalement. Vraiment enrichissante. Merci pour ce moment de lecture passionnant !
Bravo à toi pour nous avoir fait partager Saint Jacques, tes apprentissages, les côtés négatifs et positifs. En plus de tout ce que tu dis, ces 14 jours ont sans doute fait affermir ta crédibilité, ta personnalité, ton humanité, en plus de ta partie professionnelle, tes apprentissages, c'est le but de l'histoire.