Antipodes
Ce week-end j’ai visité deux lieux opposés en tout point et j’ai ouvert les yeux sur l’une des plus grandes souffrances que les réseaux sociaux infligent aux entrepreneur(e)s aujourd’hui.
D’abord, Samedi : la basilique de Lisieux. Aussi immense et bondée que la petite Thérèse de Lisieux en l’honneur de qui elle a été bâtie, était discrète et humble.
Je suis spirituelle et même catholique, mais peu importe. Les lieux achalandés, quels qu’ils soient me mettent mal à l’aise. Qu’ils soient laïcs ou religieux, ils me donnent cette même impression de consumérisme que je fuis.
Il y a quelque chose d’imposant, de clinquant, de tonitruant.
Une espèce de rapport de force entre un espace massif et un visiteur de fait presque écrasé.
Et puis, dimanche : revirement de bord. Direction une petite chapelle en marge de Honfleur. Erigée par Richard Coeur de Lion au 12e siècle, cet édifice discret est un hommage à la survie en mer de l’ancien roi d’Angleterre.
QG des marins, on y retrouve des bateaux suspendus au plafond, une bouée de sauvetage et une ancre devant l’orgue.
La chapelle est en hauteur et donne sur la Manche. De son esplanade, on aperçoit le port du Havre en face. C’est un lieu reculé que l’on ne peut découvrir que si quelqu’un nous en a confié l’adresse.
Pas plus de 50 personnes tiennent autour de l’autel versus 4000 pour la basilique de Lisieux.
Or, j’ai suffoqué à Lisieux et j’ai respiré à Honfleur.
Ce contraste saisissant m’a rappelé un autre tout petit lieu spirituel sur la 1e étape du Chemin de Compostelle que j’ai initié cet été : la Chapelle Saint Roch.
Je crois que ce moment restera longtemps dans le top 3 des plus émouvants de mon périple.
J’étais à une douzaine de kilomètres du Puy-en-Velay, j’avançais bien et j’avais presque oublié de m’arrêter pour respirer. Et puis, je suis tombée sur elle. Cette Chapelle. Si petite. Presque trop petite pour s’imposer. Juste assez grande pour laisser le choix de s’y attarder.
J’ai posé mon sac devant sa porte en bois et je suis rentrée.
Tout, dans ce lieu était soigné. Des draps sur l’autel, aux fleurs fraîches au pied des statues en passant par des chants merveilleux que quelques enceintes diffusaient en continu.
Je ne sais pas si vous imaginez ce que cela veut dire ?
Cela veut dire que tous les jours, quelques personnes s’assurent que ce si petit lieu reste impeccable.
Cela veut dire que tous les jours, quelques personnes font leur maximum pour quelques autres personnes (seulement).
Cela veut dire que tous les jours, le Beau est à l’honneur par principe et non par utilité, à l’abri du tourisme, à l’abri des regards, à l’abri des medias.
Pourquoi ce constat est fondamental pour vous : entrepreneur(e)s et/ou créatifs et/ou plumes en tout genre ?
Restez avec moi.
J’ai coaché des centaines de personnes différentes.
J’ai écrit des centaines d’articles, de newsletters et +1200 posts Linkedin.
Je connais les réseaux sociaux depuis leur 1er heure (team “early adopter”)
J’ai exploité Facebook jusqu’à la moelle et su manier ses fonctionnalités de ciblage les plus pernicieuses.
Je joue avec Linkedin comme je compte jusqu’à 3.
Je lis tous les jours des livres qui n’ont rien à voir avec le business. En français, en anglais. J’écris, en ligne, hors ligne. Je me forme, je me challenge, je me questionne, je me positionne.
J’ai fait un MBA en marketing et pas un jour ne s’écoule sans que j’utilise ma connaissance de concepts si passionnants que sont : “un message”, “un angle”, “une audience” ; tout en embrassant les merveilles de la littérature, de la poésie et des créations contemporaines.
Je fais des ponts. J’ose. Et j’ai réussi à bâtir un univers professionnel qui nourrit au moins autant mon esprit que mon coeur et mon compte en banque.
Pourtant.
Une chose m’attriste sans relâche.
Trop de personnes talentueuses ne croient plus en elles parce que les algorithmes leur dictent ce qui a de la valeur et ce qui n’en n’a pas.
C’est ce qui arrive à chaque fois qu’un post Linkedin se retrouve avec quelques likes à peine malgré tous les efforts de son auteur(e).
Il ne faut pas se leurrer. Un post qui flop c’est souvent un post qui manque de Force et de Style. Il y a clairement des choses à faire pour le redresser.
Mais la validation sociale n’est pas une garantie exclusive de valeur.
De même que je n’ai jamais vu un post viral m’éblouir de qualité.
Le succès d’un post sur les réseaux sociaux n’est jamais proportionnel ni à sa qualité, ni à son utilité.
Relisez cette phrase et enregistrez-la.
Dans les lignes qui suivent, je veux vous inciter à honorer ce qui est Beau même quand cela vous semble petit, reculé ou inutile.
Cet état d’esprit n’est pas une simple philosophie, c’est une stratégie pour reprendre le pouvoir.
Impact
Voici un extrait de l’excellent livre “Bird by Bird” d’Anne Lamott :
🇺🇸 “Against all odds, you have put it down on paper, so that it won’t be lost. And who knows ? Maybe what you’ve written will help others. You don’t even have to know how or in what way, but if you are writing the clearest, truest words you can find (…) this will shine on paper like its own little lighthouse. Lighthouses don’t go running all over an island looking for boats to save ; they just stand there shining”
-
🇫🇷 “Contre toute attente, vous avez noté (NDRL : vos idées) sur papier, pour ne pas les perdre. Et qui sait ? Peut-être que ce que vous avez écrit aidera les autres. Vous n’avez même pas besoin de savoir comment ou de quelle manière, mais si vous écrivez les mots les plus clairs et les plus vrais que vous trouvez (…) ils brilleront sur le papier comme un phare. Et les phares ne courent pas partout autour de l’ile pour trouver un bateau à sauver, les phares se contentent d’être et d’éclairer”.
Anne Lamott est une auteure, conférencière et prof d’écriture américaine.
Elle rassemble tout ce que j’aimerais voir plus souvent rassemblé en France : l’écriture et le business ; la folie créative et l’impact pragmatique ; les livres et Internet.
Sa vision est d’une modernité dingue et presque un peu avant-gardiste.
Je vous pose à mon tour cette question aujourd’hui :
Voulez-vous être un(e) victime du système algorithmique ou un phare ?
Et je vous propose même une réponse en 2 temps.
🔵 Temps 1 → Cherchez à améliorer l’impact de vos textes sans relâche.
Tout le monde sait utiliser des mots, mais peu de gens savent les utiliser pour créer de véritables effets. Acceptez que le copywriting soit une compétence à apprendre.
🔵 Temps 2 → Une fois passé ce cap d’humilité, mettez-vous indéfectiblement au service du Beau.
Si dans chacun de vos posts, vous honorez ce qui vous semble juste, clair et aligné à l’humain, je vous promets que vous obtiendrez ce que vous cherchez (et je vous parle bien de business).
Beau > Gros
Contrairement aux apparences, la petite chapelle Saint Roch perdue sur le chemin de Compostelle tout comme la Chapelle de Honfleur ne sont pas moins grandes, pas moins importantes et surtout, pas moins utiles que ne peut l’être une basilique de Lisieux qui draine des cars et des cars de visiteurs chaque jour.
Le Beau se rit de l’utile.
Le seul fait d’exister est sa force.
Parce qu’il suffit que ce Beau touche une personne : la bonne, pour qu’un cercle vertueux se mette en marche.
Quand vous écrivez c’est pareil.
Fuyez les templates, les hacks pour faire du reach et les newsletters qui vous promettent de décrypter les contenus viraux. Je les connais par coeur et ce qui est viral aujourd’hui est 99 fois sur 100 un enfer de vacuité.
→ Viser le viral c’est se mettre au service d’algorithmes. C’est renier qui vous êtes et ce en quoi vous croyez. C’est conditionner votre estime de vous à des règles robotiques. C’est indexer votre valeur sur la validation extérieure. C’est poursuivre ce qui se voit et fait du bruit.
→ Viser le Beau c’est se mettre au service de l’humain. C’est honorer qui vous êtes et ce en quoi vous croyez. C’est libérer votre estime de vous des règles algorithmiques. C’est dissocier votre valeur des avis extérieurs. C’est viser ce qui Est et fait du Bien.
Et un(e) entrepreneur(e) qui se tourne vers le Beau, c’est un phare pour le monde.
Un phare qui n’a pas besoin de “courir après des bateaux à sauver”.
Un phare qui simplement éclaire et qui est.
A vos lignes et à la Beauté,
Marie 💙
PS : j’ai publié mon post d’ouverture pour le 6e Challenge d’écriture BILS et j’ai tout fait pour qu’il soit beau → “Chaque jour : Internet révolutionne mon activité d'entrepreneure - et la fragilise en même temps.” Lire la suite
Mais quelle histoire! Tes mots m'ont bouleversée encore plus que d'habitude.
Je rêverais être un phare mais n'ose pas le formuler de peur d'être prétentieuse.
Grâce à toi Marie, j'ose le formuler ici avant d'oser sur les réseaux.
Un pas après l'autre...
J’aime beaucoup ! Plus je te lis et plus ma ptite flamme intérieure me dit « c’est possible d’éclairer sans courir après les bateaux »
Bon, y’a plus qu’à se mettre au travail :)