Chers tous,
Imaginez qu’une personne vous regarde et vous dise :
“Mais quel talent, tu peux absolument tout faire !”
Vos pupilles se dilatent, vos paupières s’écarquillent et votre regard se redresse. Vous vous sentez relevé.
“Empowered” comme disent les anglo-saxons. Vous avez été regardé(e), vu(e) et reconnu(e). Enfin ?
Puis, tout se fige.
Votre interlocuteur se reprend.
“Enfin non, pas absolument tout…”
Vous plissez les yeux et vous serrez les lèvres.
Vos bras se croisent et vos épaules s’arrondissent vers l’avant comme pour vous protéger des mots qui arrivent.
Vous craignez de vous être réjoui(e) trop tôt. Et d’y avoir cru. Pour rien.
Il ou elle ajoute :
“Si tu savais tout faire, tu n’aurais pas vraiment d’identité, pas vraiment de style. Mais tu peux faire beaucoup de choses extrêmement bien et surtout, comme personne d’autre que…toi”
Votre ventre se réchauffe et vos bras se relâchent. Vous n’aviez jamais vu les choses sous cet angle.
Vous pensiez qu’il y avait les talentueux d’un côté, les besogneux de l’autre et les transparents entre les deux.
Vous pensiez qu’être doué(e) c’était pouvoir tout accomplir et ne pas l’être c’était savoir tout rater.
Vous pensiez que la réussite venait avec le volume de réalisations, pas avec la manière de les déployer.
Vous inspirez. Vous soufflez. Vous regardez votre interlocuteur dans les yeux. Il ou elle vous offre son sourire bardé de confiance, de respect, d’affection et vous affirme :
“On va faire de grandes choses ensemble”
Je vous explique :
Que cette histoire est (presque entièrement) vraie 🔥
L’ingrédient qui fait toute la différence entre deux talents ✨
Pourquoi ce ne sont pas toujours les plus belles voix qui sont choisies dans l’émission “The Voice” 🗣️
La force de l’écriture pour honorer vos plus grand rêves ✊🌙
L’Univers BILS en quelques points :
Les parcours de coaching (Objectif : explorer et révéler votre plume; Terrain de jeu : Linkedin; Durées : 60 ou 90 jours)
1 - Cette histoire est (presque entièrement) vraie
C’est Amel Bent qui a prononcé ces mots Samedi 19 février, lors des auditions à l’aveugle de l’émission “The Voice” 2022. ✊🌙
Elle était face à un candidat extrêmement doué. Et se délectait déjà en envisageant tout le plaisir qu’elle aurait à travailler avec lui. A explorer toutes sortes d’univers musicaux grâce à sa voix totipotente.
Puis elle s’est reprise.
{C’est une femme intelligente. Quoiqu’on en pense, quoiqu’on dise.}
Elle a eu la justesse de préciser que “savoir tout faire” n’était pas autant un gage de talent qu’il y paraissait.
D’ailleurs un peu plus tard dans l’émission, un chanteur anglais est venu dérouler sa performance sur le plateau. Sa voix était puissante, juste. Il savait tout faire avec. Les coachs étaient unanimes.
Mais il n’a pas été pris.
Pourquoi à votre avis ?
2 - L’ingrédient qui fait toute la différence entre deux talents
J’imagine que vous pensez tout de suite à l’émotion ?
Sa performance était probablement parfaite mais lisse ?
Les notes étaient “en place” - comme dit souvent Florent Pagny dont les expressions signatures sont aussi marquées que sa personnalité et son timbre légendaire - mais prévisibles ?
La chanson était juste mais l’interprétation trop proche de l’originale ?
Oui, c’est en partie vrai. L’humain se tourne toujours vers ce qui le touche d’abord. Même (voire surtout) quand c’est imparfait. Mais ça ne suffit pas.
Et ce que je veux vous dire dans cette missive empreinte de pop culture est essentiel.
Sur le web, dans les media ou les réseaux sociaux : l’opinion public se réfère souvent à 2 clans.
» Ceux qui sont pour et ceux qui sont contre.
» Ceux qui adhèrent les yeux fermés et ceux qui complotent comme des sauvages.
» Ceux qui vivent avec leur temps et ceux qui sont des gros réacs frustrés en perpétuel conflit avec le monde.
Pour les émotions c’est pareil.
Je vois tous les jours des publications Linkedin tirer sur les ficelles des émotions comme sur un pantin mal articulé. Il faut produire de l’émotion à la chaîne. A tel point que les créateurs de contenu sont plus rapidement écoeurés encore que ceux qui les lisent.
Et en face, je vois des mâles/femelles alpha cracher sur le système émotionnel dans lequel nous vivons. Comme si chaque émotion ne pouvait être autre chose que le précurseur d’une démarche manipulatoire. Comme si seule la pensée critique et la raison étaient valables.
Le lien avec cette anecdote dans “The Voice” est très clair.
Oui, une voix parfaite qui ne transmet aucune âme, qui ne se dévoile même pas un peu, qui ne montre aucune aspérité, aucune ombre - fera moins vibrer un être humain - qu’une voix imparfaite qui le secoue.
Mais ce n’est pas seulement l’émotion qui entre en jeu.
C’est l’histoire qui est offerte.
3 - Pourquoi ce ne sont pas toujours les plus belles voix qui sont choisies dans “The Voice” ?
Que vous suiviez cette émission ou qu’elle vous intéresse moins que la dernière de vos chemises, peu importe en réalité :)
De mon côté j’aime le chant, la danse, la musique, la pop - après plusieurs chapitres de Bergson ça fait du bien ! - et j’ai fini par comprendre ce qui revenait systématiquement dans la bouche des coachs à chacun de leur verdict.
Le parallèle avec l’écriture est édifiant.
-
“Cette aventure est parfaite pour toi, tu vas pouvoir progresser” —> candidat gardé.
ou
“C’est exactement le cadre qu’il te faut pour passer d’une chanteuse en devenir à une chanteuse tout court” —> candidate gardée.
ou à l’inverse
“Tu es déjà tellement déjà “fait” que je ne me vois pas te twister, te déformer, te transformer et te demander d’être un autre”. —> candidat rejeté.
Ce qui compte à chaque fois, c’est l’histoire que le candidat va pouvoir écrire avec le public.
Ce n’est pas juste une question de vibrato, d’octaves, de registre, de timbre, de charisme. C’est une perspective qui s’offre. Oui qui ne s’offre pas.
Un candidat qui propose son passé et son présent tout en offrant son futur est une pépite pour une émission comme “The Voice”. Parce que c’est ça qui fédère, qui touche, qui bouscule, qui persuade même.
Et c’est exactement pareil avec l’écriture.
4 - La force de l’écriture pour honorer vos plus grand rêves ✊🌙
Si vous avez le vocabulaire le plus étoffé de la toile et une culture à recouvrir des milliers de tartines, vous aurez le mérite d’avoir des connaissances - mais pas forcément d’éloquence.
Si vous suivez la tonalité dominante du moment sur les réseaux sociaux et que vous êtes “capable d’un peu tout faire” au gré du vent, vous finirez par ne plus savoir rien faire. Et vous noierez votre identité dans une mare de vase sans vous en rendre compte.
Si vous rejetez le “storytelling” - parce que c’est un mot anglais pour commencer, et que vous le voyez comme l’un des visages du bullshit moderne pour continuer - vous passerez à côté de l’essentiel de l’écriture.
Je pense à une phrase reçue lors d’un coaching (et je salue chaleureusement la personne qui me l’a formulée 💙) :
“Je ne comprends rien au storytelling”
C’est ce que l’on finit par penser quand on lit 1000 fois par jour que l’émotion se construit et que les histoires s’inventent pour vendre. Il y a de quoi être écoeuré et perdre la tête. Parce que cela n’a plus de sens.
Voici ce que je vous propose pour conclure :
Essayez de ne pas vous former à tout pour savoir tout faire. Mettez plutôt l’accent sur vos espaces d’excellence. Qu’est ce que vous faites mieux que la moyenne ?
Votre vrai talent réside plus dans la manière dont vous faites les choses que dans les choses que vous faites elles-mêmes. Plein de personnes peuvent parler des mêmes sujets que vous, mais quelle est votre manière à vous d’en parler ? Quelle est votre voix ?
La singularité et l’unicité viennent de la diversité. On peut regarder “The Voice” et lire “L’Energie spirituelle de Bergson”, écouter des podcasts de “Brené Brown” ou encore s’intéresser aux espèces d’oiseaux de sa région pour apprendre à les reconnaître ! Quelles sont les choses qui vous intéressent et quels ponts les relient ?
Le storytelling est du bullshit quand l’histoire qui est racontée est trafiquée, mal écrite et poussive. Oubliez ce terme et (ré)apprenez à mettre des mots sur votre réalité, pour transmettre les messages qui vous donnent envie de vous lever le matin. Quels sont les messages qui vous tiennent debout ?
Travaillez votre écriture un peu chaque jour. Notre monde crée une rupture permanente entre la pensée et le langage - sous prétexte de gain de temps et de confort. Gardez la main, sur le clavier ou sur la plume. Et restez maître de cette grande et belle histoire terriblement imparfaite que vous construisez chaque jour. Votre existence.
Parce que c’était trop tentant (j’ai invité mon ami Bergson) :
“L’art de l'écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu'il emploie des mots.
L'harmonie qu'il cherche est une certaine correspondance entre les allées et venues de son esprit et celles de son discours, correspondance si parfaite que, portées par la phrase, les ondulations de sa pensée se communiquent à la nôtre est qu’alors chacun des mots, pris individuellement, ne compte plus : il n'y a plus rien que le sens mouvant qui traverse les mots, plus rien que deux esprits qui semblent vibrer directement, sans intermédiaire, à l'unisson l'un de l'autre.
Le rythme de la parole n'a donc d'autre objet que de reproduire le rythme de la pensée (…)”
Un extrait choisi de '“L’Energie spirituelle” (Editions Payot et Rivages, 1919)
“Si vous avez les mots, vous avez les armes” - Le site BILS remodelé
A votre rythme et à bientôt,